UN MARTEAU POUR LES SORCIÈRES
kladivo na čarodějnice – République Tchèque – 1970
Genre : Horreur
Réalisateur : Otakar Vávra
Acteurs : Vladimír Smeral, Elo Romancik, Josef Kemr, Sona Valentová
Musique : Pinar Toprak
Durée : 106 minutes
Image : 2.35
Son : Tchèque PCM 2.0 mono
Sous-titres : Français
Éditeur : Artus Films
Date de sortie : 04 octobre 2022
LE PITCH
Moravie, 1670. Pour avoir dérobé une hostie, croyant soigner sa vache ne donnant plus de lait, une vieille femme se fait accuser de sorcellerie. Le seigneur du pays fait alors venir un tribunal de l’Inquisition pour la juger. L’inquisiteur, Boblig von Edelstadt, s’appuie sur le célèbre manuel Malleus Maleficarum pour mener les interrogatoires. Mais, très vite, les tortures vont succéder aux dénonciations, et les bûchers vont s’allumer, toujours plus nombreux.
Printemps de cendres
Autre film de chasse aux sorcières, redécouvert par beaucoup au Festival Hallucinations collectives de Lyon, Un Marteau pour les sorcières se montre plus sobre et rigoureux qu’attendu. Mais derrière l’élégance formelle et l’intensité des acteurs, la charge contre l’obscurantisme et la barbarie est toujours aussi enflammée.
Sujets relativement plébiscités au tournant des années 60/70, l’inquisition et la chasse aux sorcières n’auront pas intéressé que le petit milieu du cinéma d’exploitation, ni même les régions habituelles de la haute Angleterre et de l’Allemagne. D’ailleurs deux ans après Le Grand inquisiteur et surtout la même année que le très démonstratif La Marque du diable sortait sur les écrans tchèques ce Un Marteau pour les sorcières (ou Le Marteau des sorcières selon les versions) qui a son tour venait décrire les sévices et injustices subies par une petite bourgade locale. En Moravie en 1670 (soit 300 ans plus tôt si on fait son petit calcul) pour être exacte où suite à la défiance de l’aristocratie locale face à une petite superstition des gueux, un tribunal de l’inquisition est convoqué prestement pour régler la question. Si déjà la décision est disproportionnée et périlleuse, elle va rapidement tourner au massacre collectif sous l’autorité de Boblig von Edelstadt qui se complait à retrouver un pouvoir disparu et espère bien en profiter pour récupérer une partie des finances des suppliciés. Un dispositif classique dans le genre, mais où le réalisateur Otakar Vávra (on ne lui connait en France que le film de guerre La Barricade muette sorti en 49) va préférer s’attarder non pas sur les terribles tortures et sévices multiples perpétrés sur les accusés mais plutôt sur le mécanisme de manipulation, de marchandage à la souffrance et de délation généralisée sur lequel l’infâme personnage assoit peu à peu son règne de terreur.
Les condamnés
On aperçoit bien un brise-pouce ou des jambières pourvues de piques autant que les condamnés attendant leur sort sur le bucher, mais l’élégant noir et blanc aidant et avec quelques effets de montage, le pire est souvent laissé hors champs. C’est qu’effectivement ces excès habituels n’intéressent que très peu le cinéaste quêtant surtout l’avilissement humain, la pression psychologique et la manière dont le petit microcosme bien établi du moyen-âge fini par rapidement s’effondrer par avidité, peur et suspicion générale. Car derrière une reconstitution historique appliquée et un drame humain faisant perdre pied même aux bonnes âmes et brave catholiques encore présents, Un Marteau pour les sorcières évoque tout aussi bien la situation contemporaine de la République tchèque envahie par les forces russes en 1968 après un Printemps de Prague bien trop libertaire à leurs goûts (une vieille coutume manifestement). Là il n’était bien entendu plus question de chercher les sorcières mais bien les opinons politiques divergentes, les « anti-communistes » notoires et d’en profiter pour régler ses comptes et s’engraisser dans un même mouvement. L’éternel petit jeu du délateur et du collabo, du profiteur et du bouc émissaire que le film d’Otakar Vávra illustre parfaitement.
Image
Sérieusement restauré dans son pays d’origine Un Marteau pour les sorcières préserve à l’écran ses petites scories des années avec légères griffures et autres taches visibles mais assure tout autant des cadres très stables et des contrastes noir et blanc bien marqués. Pas de détériorations majeures, les petits défauts venant se marier habilement avec le grain de pellicule et les textures naturelles du métrage. La définition est excellente, marquée et creusée, soulignant le soin tout particulier apporté aux cadres et aux lumières.
Son
Seule la version originale est présente ici (y a-t-il eu à une époque un doublage français ?) dans un mono sobre et central mais toujours clair et sans perdition.
Liste des bonus
Diaporama d’affiches et de photos (0’42”).