SUGARLAND EXPRESS
The Sugarland Express – Etats-Unis – 1974
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Drame
Réalisateur : Steven Spielberg
Acteurs : Goldie Hawn, William Atherton, Michael Sacks, Ben Johnson…
Musique : John Williams
Durée : 108 minutes
Image : 2.39 16/9
Son : Dolby TrueHD 5.1 Anglais, DTS 2.0 Français, Italien, Japonais….
Sous-titres : Français, Italien, Allemand, Espagnol…
Editeur : Universal Pictures
Date de sortie : 04 décembre 2024
LE PITCH
Texas, fin des années 60. Un couple de marginaux kidnappe un agent de police et décide d’aller récupérer son fils, dont la garde a été confiée à une famille d’accueil.
La famille avant tout
1974 fut une année déterminante pour Steven Spielberg. Après une sorte de film de fin d’études (Firelight) et un téléfilm (Duel), sa nouvelle réalisation a cette fois les honneurs d’une sortie en salles. Mieux : elle est présentée au prestigieux festival de Cannes. Malgré tout, le succès n’est pas au rendez-vous et le film fait un flop. Mais c’est trop tard. Steven Spielberg a marqué les esprits, il a maintenant un pied dans l’industrie, s’y installe et sa collaboration avec John Williams a commencé. La légende est en marche. Aujourd’hui, la ressortie en 4K du film est l’occasion de revenir déjà sur le fait qu’il n’a pas mérité son échec et aussi qu’il a peut être marqué, plus qu’on ne pourrait le croire, grâce à ses nombreuses singularités, un tournant dans l’Histoire du cinéma américain.
A peine de sortie de prison, Lou Jean (Goldie Hawn, dans l’un de ses meilleurs rôles), décide d’aller sortir Clovis (William Atherton), le père de son fils Langston, de son centre de détention. Un peu malgré lui d’ailleurs, mais Clovis ne fait pas le poids face à Lou Jean, boule d’énergie cyclothymique prête à tout pour tirer son fils des griffes de sa famille d’accueil (pourtant très bien comme il faut). Jusqu’à kidnapper l’agent de police qui les poursuivait et sillonner une bonne partie du Texas avec, aux fesses, la quasi-totalité de ce que l’Etat compte de policiers. Une course-poursuite qui pourrait prendre des airs de traque à la Bonnie & Clyde, surtout quand des snipers entrent en jeu. Mais le propos n’est pas là, et c’est bien ce qui donne à Sugarland Express tout son intérêt et son originalité.
Crossroads
En 1974, l’année de sortie du film, le Nouvel Hollywood de De Palma, Coppola, Scorsese et consorts a déjà de beaux jours derrière lui, et encore quelques centaines devant. Stricto sensu, Sugarland Express, avec cette sorte de déconstruction du mythe américain, du cow-boy même (Ben Johnson, figue emblématique du Western, incarne un chef de la police qui se félicite de ne jamais avoir tué personne) en est un digne représentant. Spielberg joue avec ces codes et s’amuse comme le jeune réalisateur qu’il est, mais tout en livrant une copie déjà sacrément symptomatique de son talent et qui va puiser, c’est inévitable, parmi les quantités d’images ingurgitées avant de tenir sa caméra. Les étendues désertiques et poussiéreuses du Texas, sa faune hétéroclite, faites de petites gens candides aussi bien que de citoyens bas du front à la gachette facile, sont un personnage à part entière du film. Il les met en valeur en usant d’un nombre de plans hallucinant, prouvant déjà sa capacité à envelopper son sujet de différents points de vue via une science du cadre à la maturité déconcertante. Avec ces éléments, le jeune Spielberg aurait pu se contenter de livrer un énième film de poursuite, dont la décennie contient déjà quelques perles, mais non. En adaptant cette histoire vraie, il a derrière la tête une idée bien à lui, consistant à livrer une panoplie quasi complète du genre, tout en lui fourrant dans les poches matière à plaisanterie, comme un pas de côté étonnant mais nécessaire. Ainsi, au fur et à mesure que se déploie la horde, plus drôle que sauvage, de voitures de police, toute sirènes hurlantes, tel un mille pattes sous le soleil du Texas, les fuyards (juste devant) tapent la discute avec le flic pris en otage jusqu’à s’en faire un ami. C’est là tout le sel de Sugarland Express, western moderne, social, humoristique, rythmé par un harmonica et les partitions d’un John Williams qui touchent déjà au cœur.
Un film au carrefour de deux époques cinématographiques, bien ancré dans la sienne (notamment dans sa conclusion, violente et politique), mais aussi annonçant la prochaine, moins agressive, plus divertissante, et évidemment représentée par une nouvelle vague de jeunes réalisateurs dont Spielberg en tête.
Image
Supervisée par Spielberg himself, cette galette 4K profite d’un beau master nettoyé de son grain proéminent mais pas trop. De sorte que l’image reste chaude, conserve sa patine tout en déployant une foultitude de détails.
Son
Voix, effets sonores et musique se côtoient à la perfection, chacun ne prenant jamais le pas sur l’autre. Dommage, par contre, que l’éditeur n’ait pas conservé une piste mono d’origine.
Interactivité
Une featurette de plus de dix minutes où Universal nous explique comme ils sont beaux et forts dans la restauration de leur catalogue (rires) et une bande annonce d’époque en qualité VHS. Entre rire et honte pour un tel film.
Liste des bonus
Des archives à l’écran : L’art de restaurer l’héritage cinématographique d’Universal (13’24), Bande annonce d’époque (3’19).