SCREAM 2
Etats-Unis – 1997
Support : UHD 4K
Genre : Horreur
Réalisateur : Wes Craven
Acteurs : Neve Campbell, David Arquette, Courteney Cox, Jamie Kennedy, Elise Neal, Liev Schreiber, Jada Pinkett Smith, Sarah Michelle Gellar, Timothy Olyphant, Jerry O’Connell…
Musique : Marco Beltrami, Danny Elfman
Durée : 120 minutes
Image : 2.39:1, 16/9ème
Son : Anglais DTS-HD Master Audio 5.1, Français et Italien Dolby Digital 2.0
S-T : Français, Anglais, Allemand, …
Editeur/Distrib. : Paramount
Date de sortie : 1er février 2023
LE PITCH
Un an après les meurtres de Woodsboro, Sidney Prescott, désormais inscrite à l’université, est sous la menace d’un nouvel assassin se cachant derrière le masque de Ghostface…
Wes & Kevin contre-attaquent
Avec le recul, il n’est pas interdit de se poser la question de la nécessité d’une suite à Scream tant l’intention méta du film de Wes Craven de démonter les rouages d’un genre, le slasher, semblait claire et définitive. Surprise ! Totalement incapable de reproduire la mécanique méticuleuse du premier film, les artisans de Scream 2 font de leurs faiblesses une forme et signe un film aussi fragile que précieux, plus incarné, plus émouvant, plus cruel et aux influences aussi surprenantes que réjouissantes.
Décembre 1997. Grosse pression sur les épaules de Wes Craven et de Kevin Williamson. Du succès de Scream 2 dépend l’avenir d’une franchise potentiellement juteuse et qui fait saliver les frères Weinstein (et pas seulement en raison des jeunes actrices qui devront passer des castings dans les bureaux de Miramax). Tout en écrivant le premier Scream, Williamson avait pondu quelques pages de traitement, s’amusant sans trop y croire à l’idée d’une suite. Dix pages difficilement exploitables en l’état mais avec lesquels il doit pourtant composer pour reproduire tant bien que mal le miracle du premier opus. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les choses commencent très mal avec la fuite du scénario sur Internet au mois de juillet 1997 alors que les prises de vues ont déjà commencées. Dans l’urgence, le scénariste doit réécrire tout le dernier acte et certaines scènes déjà en boîte. Le budget grimpe et le résultat s’en ressent forcément. Le duo de coupables portant pour l’occasion le masque et la tenue de Ghostface est si peu développé et écrit à la va-vite que la révélation surprise du climax ne fait pas le moindre effet. On se demande d’où sortent ces personnages et leurs motivations sont laborieusement expliquées. Pour autant, mis en parallèle avec l’excellente scène d’ouverture du film et son mélange de violence et de satire où des centaines de fans anonymes portent le costume du tueur lors de l’avant-première du film Stab (le film dans le film), le principe fait sens et la certitude que n’importe qui puisse désormais être le tueur en devient finalement vertigineuse. C’est ce qui s’appelle louper une marche, se rattraper à la rampe et atterrir sur ses pieds après un saut périlleux totalement involontaire.
Quatre mouches de velours gris
Il aura fallu tout le talent de metteur en scène de Wes Craven et celui d’un casting très bien choisi pour que Scream, premier du nom, fassent naître de l’empathie vis-à-vis de ses jeunes protagonistes et c’était là le défi face à une approche méta qui, entre de mauvaises mains, aurait pu sombrer dans l’ironie superficielle ou le cynisme froid. Dans Scream 2, la réflexion sur la notion de séquelle est purement décorative et se limite à une discussion en classe de cinéma qui vire au name-dropping et une autre entre Randy et Dewey que ce dernier interrompt avec dédain pour ramener le geek cinéphile aux vrais enjeux de l’intrigue. Craven et Williamson cochent la case méta avec désinvolture, jetant des miettes pour la critique et se libèrent d’une contrainte pour mieux se concentrer sur le quatuor de survivants de Scream. Interprète de Cassandre dans une pièce à l’université, Sidney Prescott (fabuleuse Neve Campbell) semble s’être forgé une nouvelle armure mais celle-ci pourrait bien vite se fendre. Randy Meeks (Jamie Kennedy, très attachant malgré son débit mitraillette) cache son trauma et ses sentiments pour Sidney derrière une façade de clown. Quant à Dewey et Gale Weathers, ils s’aiment toujours malgré leur séparation et forment un couple à la Spencer Tracy / Katherine Hepburn, Craven ayant su capitaliser sur la véritable histoire d’amour hors caméra entre David Arquette et Courteney Cox. Les quatre acteurs sont le cœur battant de Scream 2 et éclipsent sans sourciller une galerie de seconds rôles où l’on retrouve pourtant Sarah Michelle Gellar, Jerry O’ Connell et Liev Schreiber.
Mais là où Scream 2 frappe fort, c’est dans les influences que Wes Craven choisit de mettre en avant. Plutôt que de s’inspirer d’une flopée de slashers ayant eu pour décor sororités et campus, le réalisateur des Griffes de la nuit plonge aux sources du genre et cite abondamment le giallo italien. L’ouverture (encore elle!), la scène du théâtre et sa grandiloquence baroque, la mort brutale de Randy en plein jour et en plein air ou encore la poursuite et l’attaque dans le studio insonorisé sont autant de renvois à Démons, Ténèbres, Opera ou L’Oiseau au plumage de cristal. Savoureux. Et pour appuyer son propos, Craven joue du cinémascope et de la steadycam avec un savoir-faire parfois étourdissant, mêlant virtuosité et efficacité brute.
Moins bien ficelé que son prédécesseur et néanmoins bien plus réussi au bout du compte, Scream 2 est un drôle d’objet, fragile et fascinant, démontrant sans le vouloir la vanité et l’inutilité d’une franchise tout en déroulant très consciemment la formule des films à venir. Vous avez dit schizophrène ?
Image
Terne et sans relief, le blu-ray de StudioCanal avait bien besoin d’une mise en jour et ce superbe UHD nous l’offre enfin. Le 4k et la présentation en Dolby Vision restituent avec une grande fidélité la photographie colorée et chaleureuse de Peter Deming et le niveau de détails est ahurissant. Au plus près de l’expérience en salle, cette nouvelle copie fait honneur au support et permet de tirer un trait définitif sur près de deux décennies d’éditions décevantes.
Son
Seule la version originale a droit au grand jeu avec un 5.1 DTS-HD à la dynamique écrasante et aux ambiances parfaitement réparties à l’arrière et sur les côtés. La version française en stéréo ne démérite pas et fait preuve d’une belle agressivité lors du dernier tiers. Le contraste entre les deux pistes est tout de même assez injuste et les francophones auront le droit de se sentir mal aimés.
Interactivité
La présente édition, qui ne comprend que le disque 4K, ne propose donc rien d’autre que le commentaire audio (sous-titré, ouf!) de Wes Craven, de la productrice Maria Maddalena et du monteur Patrick Lussier. Plutôt épisodiques, les interventions des trois complices sont très concentrées autour de la logistique du tournage et des subtilités de montage (par exemple, la suppression d’un plan de Ghostface rôdant à bonne distance d’une fête suffit à rendre le personnage de Dewey suspect). Il existe des scènes coupées, un bêtisier, des featurettes et des clips musicaux mais il faudra aller les chercher sur le blu-ray, à condition qu’il sorte un jour en combo avec l’UHD que Paramount et ESC ont mis sur le marché ces jours-ci.
Liste des bonus
Commentaire audio de Wes Craven, Maria Maddalena et Patrick Lussier.