L’HOMME DANS L’OMBRE
Raggedy Man – Etats-Unis – 1981
Support : Bluray & DVD
Genre : Drame
Réalisateur : Jack Fisk
Acteurs : Sissy Spacek, Eric Roberts, Henry Thomas, William Sanderson, Tracey Walter, Sam Shepard, R.G. Armstrong…
Musique : Jerry Goldsmith
Durée : 94 minutes
Image : 1.85 16/9
Son : Anglais et Français DTS-HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français, Anglais.
Éditeur : Eléphant Films
Date de sortie : 21 novembre 2023
LE PITCH
1941, Texas. Nita Longley divorce d’un mari volage et décide d’élever seule ses deux enfants. Trois ans plus tard, elle gère comme elle peut son job de standardiste téléphonique à domicile et ses deux gamins. Jusqu’à ce que le hasard de la vie mette sur sa route un jeune marin de passage.
The Thies That Bind
Alors que la horde habituelle d’oiseaux de mauvais augure continue de prophétiser sur la mort imminente du support physique, de plus en plus d’éditeurs se tournent vers le fond de catalogue des grands studios pour y déceler des pépites oubliées. Un cas d’école avec cet Homme dans l’Ombre, totalement éclipsé chez nous à sa sortie et qui va, on l’espère, grâce à Éléphant Films, gagner une nouvelle vie bien méritée.
D’autant plus que son histoire, celle de Nita Longley, mère célibataire tiraillée entre ses deux enfants en bas âge et un boulot qui l’accapare jour et nuit, est plus que jamais d’actualité. Un boulot ingrat mais essentiel durant la seconde guerre. Celui de standardiste à domicile, qui lui impose une disponibilité 24/7 à la maison. Un lien primordial avec le front, dont bénéficient les habitants de la petite ville de Gregory, bourgade perdue au fond du Texas. Des mères viennent y apprendre par téléphone la mort de leur mari, de leur fils. Ou leur retour suite à de cruelles blessures. Un rôle essentiel qui ne vaut pourtant à Nita que l’ingratitude de ses congénères, plus préoccupés par son statut de femme divorcée (dans les années 40 rappelons-le) ou par sa solitude qui est presque un appel au crime pour les traîne-savates les plus libidineux du patelin. Jusqu’au jour où un jeune marin en permission frappe à sa porte pour informer sa fiancée de son retour. Econduit, le jeune homme va finalement rester quelques jours avec Nita et ses deux enfants. Quelques jours de bonheur qui vont évidemment ne pas plaire à tout le monde.
Sissy impératrice
Cinq ans après son rôle de Carrie White chez De Palma, Sissy Spacek interprète peut-être ici l’un des plus grands rôles de sa carrière. Derrière la caméra, Jack Fisk, son mari à la ville depuis leur rencontre sur le plateau de La Balade Sauvage de Terrence Malick, où il officie en tant que directeur artistique. Fisk réalisera finalement peu de films avant de retourner à ses premières amours. Dommage, car il fait montre ici d’une sensibilité et d’un classicisme à fleur de peau. D’abord dans une scène d’intro dénuée du moindre dialogue où le seul regard de son héroïne suffit à traduire ses pensées de femme esseulée et malheureuse. Ensuite dans sa rencontre avec ce jeune marin (magnifique Eric Roberts), sûrement la plus belle scène du film, pauvre également en dialogue, où au hasard d’une coupure d’électricité, les deux futurs amants font connaissance dans le noir total, la cigarette du militaire ne dévoilant que partiellement et furtivement leur visage. Magnifique aussi les scènes avec les deux gamins (dont un Henry Thomas avant son rôle d’E.T.), le tout appuyé par un score, entre légèreté et drame, du déjà oscarisé Jerry Goldsmith. Sur le banc des réussites moins flagrantes, on pourra citer la scène finale, en forme de home invasion qui manque un peu de conviction, mais ce serait bien triste de ne réduire le film qu’à ça, comme de dévoiler d’ailleurs ce qui se cache derrière son titre original. Mieux vaut donc se ruer vers cette pépite et découvrir l’un des trésors cachés d’un cinéma qui ne finira probablement jamais de nous en livrer.
Image
Un grain persistant et des couleurs qui manquent clairement d’éclat. Les contrastes sont par contre très bons, ce qui permet aux scènes nocturnes de livrer des noirs profonds. Les détails sont quant à eux au rendez-vous grâce à un piqué pas exceptionnel mais suffisant.
Son
Un DTS Master Audio numérique en mono qui rend parfaitement justice à la bande son et au score de Goldsmith en VO. La VF est quant à elle nettement moins bonne et la piètre qualité des doublages et de leur mixage finissent de noircir le tableau.
Interactivité
Julien Comelli revient sur le film dans un entretien d’environ 30mn. Il y parle de To Kill a Mockingbird, Des raisins de la Colère et nous y apprend, entre autres, que Talia Shire et Sally Field étaient d’abord pressenties pour le rôle de Nita. Intéressant. La bande annonce d’époque vient clore la section suppléments.
Liste des bonus
Du Silence et des Ombres (27’43), Bande annonce (2’29).