LES FAUVES
France – 1984
Support : UHD 4K & Bluray
Genre : Thriller
Réalisateur : Jean-Louis Daniel
Acteurs : Philippe Léotard, Daniel Auteuil, Gabrielle Lazure, Macha Méril, Valérie Mairesse, Florent Pagny, Farid Chopel, Sylvie Joly, Veronique Delbourg, Jean-François Balmer…
Musique : Philippe Servain
Durée : 93 minutes
Image : 1.66 16/9
Son : Français et Anglais DTS HD Master Audio 2.0 mono
Sous-titres : Aucun
Éditeur : Le Chat qui fume
Date de sortie : 15 février 2022
LE PITCH
Christopher Bergham et Bela forment un jeune couple qui se produit dans des spectacles de cascades automobiles. Léandro Santini, le frère de Bela, jalouse leur liaison. Après avoir éconduit son frère juste avant le show, Bela annonce à Christopher son intention de le quitter. La cascade tourne au drame et la jeune femme meurt dans les flammes sans que son amant intervienne. Trois ans ont passé, Christopher réapparaît sous le nom de Berg et trouve un emploi de vigile dans une société de police privée, La Veillance. Léandro, quant à lui, n’a qu’un seul but : venger la mort de sa sœur…
Jungle urbaine
Presque tout une décennie du cinéma populaire français est à redécouvrir et Le Chat qui fume semble bien décidé à redonner un éclairage rutilant sur ces fameuses années 80 et leur armée de néons bleutés, leur bitume crasseux et leurs héros mal rasés. Opus un peu oublié parmi d’autres, Les Fauves se pâme donc désormais dans une copie restaurée 4k et passerait presque pour un lion rugissant.
Petit coup de sang dans le thriller français après l’énorme carton de La Balance qui entre de plein fouet dans les années 80 et aborde l’univers du polar avec une crudité, une violence et une stylisation inédite. De qui faire rêver un acteur comme Daniel Auteuil alors bien coincé dans son image de petit rigolo (Les Sous-doués, T’empêche tout le monde de dormir, Pour cent briques tas plus rien…) et qui se verrait bien afficher une virilité plus ferme et une figure plus trouble. Après un premier pas dans L’indic de Serge Leroy, c’est définitivement Les Fauves (rapidement suivi de L’Arbalète) qui va lui permettre d’imposer un vrai tournant dans sa carrière et de se crédibiliser auprès de la critique et du métier. De petit dragueur foireux et gauche, le voici vigile de nuit traversant une capitale mal famée, le regard triste caché derrière ses lunettes de soleil noires. Un homme hanté par la mort accidentelle de sa précédente compagne alors qu’ils étaient cascadeurs, et qui peine à refaire sa (chienne) de vie. Tout ça bien entendu avec du rock FM à fond dans la radio. Oui, nous sommes bien dans les 80’s et Les Fauves se vautre allègrement dedans. Quitte à sombrer régulièrement dans un ridicule très involontaire et un clinquant aujourd’hui terriblement vieillot que ce soit dans des dialogues en mode sous sous Audiard, des sur-ralentis censés être esthétisants (mais inutiles), un défilé de lingerie super hype et pas du tout vulgaire (ironie) et surtout dans l’ensemble un sens de la posture forcé et une direction d’acteurs très aléatoire…. Et ce malgré un large casting plutôt impressionnant aujourd’hui.
Nuit noire
Auteuil, malgré le contour lonesome cowboy de son Christopher Bergham, s’en sort plutôt bien, réussissant à transmettre les fêlures de celui-ci tout en se métamorphosant en héros d’action plutôt crédible car faillible. Malheureusement son antagoniste, Philippe Léotard en frangin incestueux et bien perturbé, se confond avec son personnage, ne faisant peu de mystère sur son état d’ébriété durant le tournage, se traînant à l’écran et éructant difficilement son texte, quand il ne se lance pas dans un petit morceaux de flûte traversière (euh?). Une incongruité parmi d’autres, dans un film constamment bancal mais s’efforçant de créer une atmosphère étrange de Paris de fin du monde, aux rues désertées, à la violence omniprésente où des collègues de boulot déjà bien allumés (dont un Jean-François Balmer terrifiant en pervers pathétique) se transforment en meute, en milice à la justice expéditive, d’une simple étincelle. Les voici traquant Auteuil, son pote Florent Pagny et la mimi Veronique Delbourg à travers un Palais Omnisports de Bercy en travaux et donc aux contours légèrement futuristes. Auteur d’un Même les mômes ont du vague à l’âme ou d’un Peau d’ange encore plus difficiles à dégotter de nos jours, le jeune Jean-Louis Daniel semble particulièrement investi dans son projet, s’emparant de son décor urbain, s’inscrivant dans une très belle photographie signée Richard Andry (La Baraka, L’Arbalète) et réussi à apporter à son petit bis parisien une curieuse ambiance entre kitch et chaos.
Image
Comme pour La Balance, Le Chat qui fume a intégralement restauré le film en interne. Un nouveau scan 4K du négatif, nettoyée de fond en comble, stabilisé, réétalonnée qui se dote désormais d’une palette de couleurs riches et contrastées, d’un grain parfaitement rugueux et naturel et d’argentiques pointus. Absolument superbe en Bluray, renversant en UHD.
Son
Disposé en DTS HD Master Audio 2.0 le mono d’origine nous paraît lui aussi bien pimpant avec une écoute constamment claire et équilibrée, sans aucune perdition à noter. Pour les curieux, on s’amuse de la présence d’un doublage anglais, avec pour le coup un son beaucoup moins ample.
Interactivité
Comme toujours le digipack avec fourreau est bien classe et contient les galettes Bluray et UHD du film. Sur les deux, on retrouve les mêmes bonus avec en premier lieu un très long et passionnant entretien avec le réalisateur Jean-Louis Daniel. Il y est question de ses débuts au cinéma, mais aussi et avant tout du film en question avec un retour sur le choix de Daniel Auteuil, alors petit rigolo du cinéma français, et qui remplaçait ici Christophe Lambert et Thierry Lhermitte un temps envisagés. On découvre aussi comment le tournage fut stoppé après seulement quelques jours suite au meurtre d’un producteur qui avait manifestement un pied dans le monde du crime, et ne put reprendre qu’avec un budget revu à la baisse. Bien entendu le réalisateur raconte aussi sa collaboration avec Philippe Léotard alors en pleine descente et pour lequel il fallut embaucher un assistant pour le surveiller. De nombreuses anecdotes et le récit d’une certaine époque du cinéma français que l’on retrouve en partie dans l’interview de l’actrice Gabrielle Lazure qui pour le coup étend aussi le propos au reste de sa carrière. Reste pour conclure un petit document d’archive, une interview TV assez courte d’un Daniel Auteuil défendant justement son changement d’univers et sa liberté d’acteur.
Liste des bonus
Les Fauves de Jean-Louis Daniel (70’), Les Fauves par Gabrielle Lazure (38’), Les Fauves par Daniel Auteuil, images d’archive (3’30”), Bande-annonce.