LE DÉNONCIATEUR
Captain Carey, U.S.A. – Etats-Unis – 1949
Support : Bluray & DVD
Genre : Policier
Réalisateur : Mitchell Leisen
Acteurs : Alan Ladd, Wanda Hendrix, Francis Lederer, Joseph Calleia, Celia Lovsky…
Musique : Hugo Friedhofer
Durée : 82 minutes
Image : 1.37 16/9
Son : Anglais et français DTS HD Master Audio 1.0
Sous-titres : Français
Editeur : Sidonis Calysta
Date de sortie : 01 février 2022
LE PITCH
Deuxième Guerre Mondiale. Plusieurs agents américains sont envoyés dans l’Italie sous la botte allemande pour saboter un réseau ferroviaire. Dénoncés à l’ennemi, la plupart sont tués. L’Europe désormais en paix, le capitaine Carey, qui compte parmi les rares survivants, revient sur les lieux du drame, dans la région de Milan, bien déterminé à démasquer le traître…
Les accusés
Aujourd’hui trop souvent réduit à ses excellentes collaborations avec la superbe Veronica Lake (La Clé de verre, Tueur à gages, Le Dahlia bleu, Trafic à Saïgon), Alan Ladd n’avait cependant besoin de personne pour plonger dans les tréfonds du cinéma noir. Sa carrure de héros « normal » et taciturne sied par exemple à merveille aux petits mystères de Le Dénonciateur.
Énorme star mondiale du film noir et du cinéma d’action des 40’s, Alan Ladd est sur le déclin lorsqu’il croise le cinéaste Mitchell Leisen (L’aventure d’une nuit, Trois jours chez les vivants), artisan largement plébiscité lui aussi au cours des deux décennies écoulées, mais plus franchement attendu au box-office. Deux has-beens pourrait-on dire si on était cruels, qui tentent de redresser un peu la barre en marchant sur les traces de Les Héros dans l’ombre, ancien grand succès d’Alan Ladd où il jouait déjà un agent de l’O.S.S. et bien entendu aussi dans celles de Le Troisième homme de Carol Reed, autre film noir ayant un pied bien ancré dans l’Europe d’après-guerre. Les premières minutes ont d’ailleurs tout du film de guerre ou d’espionnage, avec une opération américaine dissimulée dans les caves d’un petit village italien occupé, qui va malheureusement échouer par suite d’un informateur au service des nazis. Les compagnons d’armes de Carey sont éliminés, sa jolie italienne, Giula, emportée par les troupes ennemies et lui laissé pour mort. Cut. Cinq ans plus tard, il tombe par hasard aux USA sur un tableau censé avoir disparu dans les mêmes évènements, et le voici reparti sur la route du traître…
Les secrets de l’Histoire
Avec quelques ingrédients éprouvés par madame Agatha Christie, Le Dénonciateur se révèle être une enquête plutôt habilement construite, multipliant les suspects, éliminant les informateurs (d’un couteau bien placé entre les omoplates) et faisant même du héros, aux yeux de la population locale, un paria jugé responsable des villageois qui furent fusillés comme exemple pour avoir collaboré avec les alliés. Dans de très jolis décors d’une Italie entre carte-postale et fantasme romantique, Mitchell Leisen pousse nettement moins que d’autres l’habituelle esthétique de film noir, jouant certes parfois des ombres, mais laissant la lumière agir pleinement, comme dans un thriller plus moderne. Sa réalisation assez discrète est cependant parfaitement efficace et rythmée, faisant souvent penser à une très solide série B à la résolution assez prévisible certes, mais constamment divertissante et classieuse. Là où le film tire véritablement son épingle du jeu, c’est dans sa manière d’aborder ce retour dans le passé. Dans ces ruelles et ce château isolé sur son île, ceux que l’on croyait mort, s’avèrent bel et bien vivants, et chacun dissimule quelques secrets plus ou moins honteux. Un petit quelque chose du cinéma gothique, voir du film de fantôme, qui sied à la perfection à cette vision inquiétante, mais ô combien juste, d’une vieille Europe encore hantée par les méfaits de la Seconde Guerre Mondiale, et en particulier ces lendemains de la libération où la chasse aux collabos pu tourner au pur règlement de compte et aux lynchages gratuits.
Un peu injuste donc de voir que le film n’est finalement resté à la postérité que grâce à la chanson écrite par Ray Evans & Ja Levingston, Mona Lisa, servant dans le film de signal aux résistants, qui obtint l’Oscar de la Meilleur chanson cette année-là et devint l’un des standards de Nat King Cole.
Image
La copie source utilisée pour ce master HD ne semble pas avoir profité d’excellentes conditions de préservations. En attestes les nombreuses instabilités en bords de cadres, les variations régulières d’intensité et même, essentiellement dans les premières minutes, des surcouches laiteuses qui viennent abîmer le noir et blanc. Le film fait son âge mais heureusement les contrastes restent assez agréables et la définition d’ensemble tient la route.
Son
Les monos d’origines, disposés en DTS HD Master Audio 2.0 se dote d’une certaine clarté et se montrent même assez généreux du côté des musiques romantiques de Hugo Friedhofer. Une restitution centrée et frontale mais satisfaisante, avec forcément quelques sensations plus étouffées pour la mouture doublée.
Interactivité
Les deux incontournables Patrick Brion et François Guérif sont cette fois-ci rejoints par Olivier Père avec pour chacun une présentation complète et personnelle. Toujours dommage de ne pas opérer là-dedans un petit montage parallèle pour resserrer le propos et éviter les redites, surtout que tous trois s’efforcent véritablement de réhabiliter Mitchell Leisen et de rappeler la stature de star d’Alan Ladd, aujourd’hui un peu oublié et diminué. Guérif revient sur le roman d’origine, « Les morts ne parlent plus » de Martha Albrand, Brion dépeint le contexte hollywoodien et Père éclaire les qualités esthétiques du film.
Liste des bonus
Présentation du film par Olivier Père (24’), Présentation de Patrick Brion (10’), Présentation de François Guérif (12’).