LA CLÉ DE VERRE
The Glass Key – Etats-Unis – 1942
Support : Bluray & DVD
Genre : Film Noir
Réalisateur : Stuart Heisler
Acteurs : Alan Ladd, Veronica Lake, Brian Donlevy, William Bendix….
Musique : Victor Young
Durée : 85 minutes
Image : 1.37 16/9
Son : Anglais et Français DTS-HD Master Audio 2.0
Sous-titres : Français
Editeur : Éléphant Films
Date de sortie : 25 mai 2021
LE PITCH
Un homme politique est accusé du meurtre du fils d’un sénateur. Son bras droit enquête alors pour tenter de le disculper.
Votez gangster !
Dans sa fournée de films noir adaptés des meilleurs romans du genre, Eléphant Films nous propose cette fois une des œuvres du grand Dashiell Hammett, à qui on prête ni plus ni moins que la paternité du genre lui-même. Une sombre histoire, évidemment, de gangsters patibulaires et de belles pépées mais dont l’adaptation se distingue par la présence de la ravissante autant qu’intrigante Veronica Lake et du héros lumineux Alan Ladd. Miam !
Sorti en librairie en 1931, le roman La Clé de Verre est adapté pour la première fois quatre ans plus tard. Par rapport au roman, le film propose une sorte de version politicienne, où l’un des personnages principaux n’est plus ouvertement chef de gang mais homme politique en pleine campagne électorale. Cette version de Stuart Heisler, réalisateur touche-à-tout qui fit ses débuts en tant qu’assistant réalisateur chez Ford, reprend une trame identique. Paul Madvig (Brian Donlevy) est donc un politicien en campagne qui fricote plus ou moins avec le Milieu. Un de ses rivaux est d’ailleurs un gangster qui ne rate jamais une occasion de faire rosser ses adversaires par un de ses gorilles (le bovin William Bendix). Lors d’un dîner chez un sénateur, Madvig va faire la connaissance de sa fille Janet (Veronica Lake) et en tomber évidemment raide dingue. Ce qui n’est pas du goût de son frère qui, lui, sort avec la sœur de Madvig ! Un imbroglio amoureux qui va déboucher sur la découverte du corps sans vie du fils du sénateur. Rapidement, Madvig est inculpé et charge son bras droit (Alan Ladd) d’enquêter pour lui.
Les innocents aux mains sales
La Clé de Verre (référence à une réplique du film) est un peu différent du tout-venant de l’époque. Alors que beaucoup de films noirs mettent en scène des figures éprouvées du genre, lui se distingue par des personnages plus ambigus, ni tout à fait hommes politiques, ni tout à fait gangsters, ni tout à fait coupables ni tout à fait innocents, aux objectifs mal définis et à l’intrigue, fait aussi inhabituel dans le genre, plus sentimentale. Pas de figures de flics ou de privés cette fois ci. A la place, le héros, incarné par Alan Ladd, acteur sacrément beau à l’époque, est le bras droit (au grand coeur) chargé de découvrir qui a refroidi le frère de la belle. Evidemment, durant l’enquête, il va lui aussi tomber amoureux du personnage de Lake mais connaîtra des moments un peu moins agréables entre les mains du gorille de service, qui va le rosser et le séquestrer jusqu’à y prendre un véritable plaisir sadique (le code Hays a laissé passer ça ?!) avant que celui-ci ne s’échappe lors d’une scène assez violente pour l’époque.
Réussi mais déséquilibré, le film est coincé entre romance et whodunit, sans jamais véritablement choisir son camp. De plus, le manque flagrant d’écriture autour de certains personnages (un comble pour une adaptation d’Hammett), qu’on nous présente à peine (le frère occis, la sœur de Madvig) ou intentionnellement mal (le personnage de Ladd, qui est sans l’ombre d’un doute un gangster à ne pas fréquenter dans le roman) brouille les cartes et donne un résultat au goût étrange et original dans le genre. Les puristes attachés aux figures habituelles risquent donc d’être un peu déçus. A moins qu’ils se laissent ensorceler par le pouvoir attractif et pénétrant du regard de Veronica Lake.
Image
La restauration est éblouissante, au propre comme au figuré. Les détails foisonnent dès l’introduction, où la profondeur de champ prend peut-être pour la première fois tout son sens. Débarrassée des principaux défauts qu’on imagine nombreux sur une pellicule de cet âge, l’image resplendit, offre des contrastes saisissants et ce malgré un grain certes persistant mais qu’on oublie très vite. Du très très bon travail.
Son
La bande son ne démérite pas et offre des dialogues clairs et compréhensibles qu’une musique plutôt en retrait mais efficace quand il le faut vient habiller sans les étouffer.
Interactivité
Un entretien avec le journaliste Stéphane du Mesnildot, qui revient rapidement sur la première adaptation du roman, sur le charisme de Lake et son influence sur le personnage de Kim Basinger dans L.A. Confidential, l’hommage des frères Coen au film dans Miller’s Crossing ainsi que sur le cas Alan Ladd, acteur plus cérébral que viril. La bande annonce d’époque conclut la section.
Liste des bonus
La Clé de Verre par Stéphane du Mesnildot (9’27), bande annonce (1’54).