BOY KILLS WORLD
Etats-Unis, Allemagne, Afrique du Sud – 2023
Support : Bluray
Genre : Action, Arts martiaux, Science-Fiction
Réalisateur : Moritz Mohr
Acteurs : Bill Skarsgård, Jessica Rothe, Michelle Dockery, Brett Gelman, Isaiah Mustafa, Yayan Ruhian…
Musique : Ludvig Forssell
Durée : 111 minutes
Image : 2.39 16/9
Son : Anglais, Français DTS-HD Master Audio 5.1
Sous-titres : Français
Éditeur : Metropolitan Film & Video
Date de sortie : 11 octobre 2024
LE PITCH
Dans un régime totalitaire, un jeune garçon sourd-muet s’enfuit dans la jungle après le meurtre de sa famille. Il grandit en s’entraînant au combat aux côtés d’un chaman énigmatique, nourrissant un seul désir : se venger de celle qui lui a tout arraché.
New Streets of Rage
Boy Kills World tente de revigorer le cinéma d’action américain en y injectant un esthétisme rétro inspiré des jeux d’arcade. Pour son premier long métrage, Moritz Mohr s’immerge dans un univers dystopique, survolté, où la vengeance est le moteur de ce ballet destructeur. Une promesse alléchante sur le papier, qui sacrifie toutefois l’émotion sur l’autel de l’esbroufe.
Boy, un prodige des arts martiaux sourd-muet, se lance dans une quête de vengeance contre la famille Van Der Koy, des despotes à la tête d’un régime totalitaire. Sa mission : affronter chaque membre de la fratrie, dans une série de duels explosifs. Le ton est donné : ça va bastonner ! Et de ce côté, le film tient ses promesses. Les scènes d’action, magnifiées par une mise en scène audacieuse, notamment l’usage créatif de drones et de caméras embarquées, plongent le spectateur au cœur des combats. Mention spéciale à l’action director Dawid Szatarski, dont la patte est omniprésente et qui aurait mérité d’être crédité en tant que co-réalisateur tant il s’approprie chaque séquence. Cependant, cette frénésie visuelle finit par devenir un piège. Les chorégraphies, impressionnantes, perdent en lisibilité dans un kaléidoscope d’images qui frôle parfois la confusion. Là où une approche plus mesurée aurait sublimé l’action, Mohr et Szatarski misent sur la surenchère. Le résultat : des scènes parfois brouillonnes malgré un dynamisme constant. Et bien que la violence, omniprésente et sanglante, contribue au style, elle perd vite de son impact émotionnel, devenant gratuite à force de privilégier l’effet au détriment du récit. Malgré les litres de sang versés, la violence semble aseptisée (on appellera ça le “syndrome Deadpool”). Seul le dernier combat parvient à redonner un peu de poids émotionnel à l’histoire, mais il arrive bien trop tard.
Die and retry
L’hommage aux beat’em up des années 1980 est clair. Chaque duel est conçu comme un niveau de jeu vidéo, avec des « boss » à éliminer pour progresser. Une structure scénaristique trop classique qui réduit la narration à une simple succession de combats. L’univers de Boy Kills World est peuplé de personnages unidimensionnels, évoquant une galerie de méchants issus d’un Streets of Rage. Il est amusant de voir Sharlto Copley (District 9), Michelle Dockery (Downton Abbey) et Brett Gelman (Stranger Things) cabotiner dans leurs rôles, chacun représentant une étape dans la progression de Boy vers son objectif final : Famke Janssen (X-Men), dont le visage figé semble plus dû à un excès de Botox qu’à un manque de conviction. Mais l’absence cruelle de profondeur de ces personnages les rend malheureusement vite oubliables. On retiendra tout de même la présence magnétique de Yayan Ruhian (The Raid 1 & 2) en chaman expert en arts martiaux (et pourquoi pas !).
A vrai dire, s’il y en a un qui sort du lot, c’est bien Bill Skarsgård ! Caméléon talentueux (comme il l’a prouvé avec Ça et le confirmera prochainement dans Nosferatu), il incarne Boy avec une intensité silencieuse, exprimant son personnage à travers un jeu physique et un regard perçant. Pourtant, même lui ne parvient pas à sauver une intrigue diluée, où l’émotion est constamment désamorcée au profit du “cool” et de la rupture de ton humoristique. Ce monde extravagant finit par crouler sous ses propres ambitions, et derrière la rage et la fureur, l’ennui n’est jamais loin de poindre.
En somme, malgré ses expérimentations et son énergie, Boy Kills World n’est pas la révolution tant attendue par les fans de cinéma d’action, mais il offre tout de même un spectacle généreux, bien que désordonné.
Image
L’édition de Metropolitan de Boy Kills World offre un rendu visuel globalement satisfaisant. À part quelques scènes sombres dans la forêt, les détails sont bien présents et la palette de couleurs, vibrante et quasi-cartoonesque, est particulièrement accrocheuse. Les teintes vives, comme les jaunes et les rouges, s’affichent avec des nuances parfois psychédéliques. L’usage de la caméra à l’épaule entraîne parfois une perte de précision dans les détails fins, mais les gros plans compensent en offrant une netteté impressionnante des visages. Bref, on ne va pas chipoter devant la bonne tenue visuelle de cette galette.
Son
Pas de jaloux ! V.O. et V.F. sont logées à la même enseigne, chacune présentée en DTS-HD Master Audio 5.1. Le rendu est dynamique dans les deux cas, même si l’on reconnaîtra que la piste anglaise propose plus de relief. Là où on émettra un léger bémol, c’est sur l’absence d’une piste Dolby Atmos, pourtant présente sur le bluray américain de Lionsgate.
Interactivité
Peu de suppléments à se mettre sous la dent ! Il faudra se contenter d’un making-of promo où tout le monde se congratule mais qui a au moins le mérite de nous montrer le tournage des fameuses scènes d’actions filmées à l’aide d’un drone. A noter également que l’actrice Jessica Rothe, interprète de June27, nous révèle au passage l’origine du nom de son personnage. Intéressant, mais on aurait préféré l’apprendre dans le film ! La section bonus se conclut par une poignée de bandes annonces du catalogue Metropolitan qui plaira aux fans de cinéma d’action… et de Sharlto Copley.
Liste des bonus
Making of (17’), Bandes-annonces.