THANKSGIVING : LA SEMAINE DE L’HORREUR
Thanksgiving – États-Unis – 2023
Genre : Horreur/Slasher
Réalisateur : Eli Roth
Acteurs : Patrick Dempsey, Addison Rae, Milo Manheim, Jalen Brooks Thomas, Nell Verlaque, Rick Hoffman, Gina Gershon…
Musique : Brandon Roberts
Durée : 106 minutes
Distributeur : Sony Pictures
Date de sortie : 28 mars 2024 (VOD)
LE PITCH
Un an après qu’un Black Friday a viré au chaos, un mystérieux tueur s’inspire de la fête traditionnelle de Thanksgiving et terrorise la ville de Plymouth, berceau de la célèbre fête. Alors que les habitants sont éliminés les uns après les autres, ces meurtres qui semblaient aléatoires, révèlent un plan plus vaste et sinistre. Les habitants découvriront-ils le tueur et survivront-ils à la fête… ou deviendront-ils les invités de son dîner de Thanksgiving complètement tordu ?
Souviens-toi… le black friday !
A l’origine, Thanksgiving était une fausse bande-annonce réalisée par Eli Roth pour le double programme Grindhouse conçu en 2007 par Robert Rodriguez et Quentin Tarantino. Roth a toujours souhaité en tirer un long-métrage. Quinze ans plus tard, c’est chose faite avec ce qui ressemble fort à un slasher pur jus !
Le cinéma d’Eli Roth divise depuis toujours les amateurs de films d’horreur. La « touche » du réalisateur se situe dans un entre-deux qu’il convient de définir : jamais mauvais, mais jamais transcendant non plus. De fait, le cinéaste se borne film après film à revisiter les genres, tout en y apposant sa patte d’artisan plutôt chevronné, mais sans génie. A l’exception de la trilogie Hostel, pour laquelle il est totalement identifié en tant qu’auteur et réalisateur des deux premiers opus, le reste de sa filmographie ressemble à une plongée dans les genres, toujours sympathique, mais sans receler d’une véritable identité artistique. Roth est un artisan qui aime passer d’un style et d’un univers à l‘autre, comme en témoignent Cabin Fever et le diptyque Hostel dans le domaine de l’horreur, le thriller avec Knock Knock, le Vigilante movie avec le remake de Death Wish, le film de cannibales pour Green Inferno et même la fantaisie familiale avec La Prophétie de l’horloge. Une filmographie éclatée et variée, à laquelle s’ajoutera dans quelques mois la SF post-apo avec l’adaptation du jeu vidéo Borderlands. Bref, un réalisateur un peu foutraque, insaisissable, mais au savoir-faire incontestable. Dès lors, lorsqu’il se réapproprie les règles du slasher pour les besoins de Thanksgiving, Roth s’en remet au métier et livre un représentant du genre tout à fait fréquentable, bien ficelé, dans les canons du genre. D’Halloween à Vendredi 13, en passant par Black Christmas et autres Meurtres à la Saint-Valentin, il reprend la tradition du concept de la date festive/anniversaire, en ancrant son récit au moment de Thanksgiving, période célébrée aux Etats-Unis que choisit un tueur masqué pour dessouder toute une troupe de jeunes (et moins jeunes) protagonistes. Point commun entre toutes les victimes, ils sont liés à un épisode du Black Friday qui a mal tourné, un an plus tôt, et qui fait office de pré-générique. Une longue séquence qui porte immanquablement la marque d’Eli Roth qui ne peut s’empêcher de livrer une critique acerbe comme il faut des dérives de la société, comme il a l’habitude de le faire, ici le consumérisme décomplexé qui rend complètement marteau. Une approche qui s’effectue, comme toujours avec le cinéaste, chaussée de bien gros sabots, mais qui a aussi le mérite bien légitime d’exister.
Des promos au rayon boucherie
Au-delà de cette séquence introductive bien cruelle comme il faut, qui marque déjà le film de son empreinte, Thanksgiving déroule les grandes lignes de tout slasher qui se respecte. Eli Roth et son co-scénariste Jeff Rendel connaissent leurs classique en la matière. Il ne faut donc pas s’attendre à trouver un soupçon d’originalité dans Thanksgiving, mais une série de scènes extrêmement bien rythmées et emballées, des lieux communs, pax exempts de furieux clins d’œil aux amateurs du genre, à Halloween et autre Happy Birthday to Me. Arborant un masque et la tenue d’un pèlerin migrant venant d’Angleterre, premier gouverneur de la colonie anglaise de la ville de Plymouth au XVIIe siècle, le tueur s’inscrit dans l’Histoire même des États-Unis, et plus particulièrement celle du Massachusetts, où se déroule l’intrigue. Thanksgiving radote quelque peu le langage du slasher, mais il le fait avec une application et un tel savoir-faire, qu’on ne peut qu’apprécier la démarche. Les meurtres sont nombreux, imaginatifs et surtout, puissamment violents, graphiques et généreux en gore. Alors certes, il faut faire avec des personnages sans intérêt ni envergure, et des enjeux limités. De plus, la révélation finale de l’identité du tueur, ainsi que ses motivations sont, comme très souvent, sans grande envergure et le film perd de son intérêt dans une dernière bobine en roue libre. Mais là aussi, on est bien forcé d’avouer que c’est globalement l’apanage du slasher. Thanksgiving, aussi balisé soit-il, ne serait pas bien plus fréquentable et un plus digne représentant du genre slasher que les derniers Scream en date ? On est en droit de le penser sérieusement.
Le film ne se prend pas pour ce qu’il n’est pas, n’a pas une lourde mythologie dont il ne sait plus quoi faire à laquelle se rattacher, il est généreux, bien que limité, mais c’est un condensé de ce qui se fait de mieux dans le genre. Un spectacle réjouissant qu’il serait dommage de bouder…