STAR PILOT

France – 2025
Genre : Science-Fiction
Dessinateur : Pedro Vigil
Scénariste : Christophe Bec
Nombre de pages : 112 pages
Éditeur : Les Humanoïdes Associés
Date de sortie : 14 mai 2025
LE PITCH
Grainger est pilote de spationef, l’un des meilleurs si l’on en croit la rumeur… sauf quand le rapatriement de sa dernière mission coûte une fortune ! La compagnie Caradoc lui demande une indemnité de sauvetage exorbitante pour l’avoir récupéré sur une planète éloignée : notre pilote est ruiné. Pour s’en sortir, il accepte une mission qui l’envoie sur Rhapsodie, une planète termitière. Le cocasse mais intrépide héros, soutenu par un étrange compagnon, un parasite bavard que lui seul entend, découvre alors l’enchevêtrement de problèmes dans lequel il est tombé…
Faible étoile
Le prolifique et touche à tout (surtout si c’est pulp et SF) Christophe Bec (Carthago, Prométhée, Crusaders…) s’attaque à l’œuvre du romancier Brian Stableford avec Star Pilot, adaptation grand format du premier roman de la série Grainger des étoiles.
Dans les deux cas le titre choisi annonce fièrement du grand space opera, une aventure aux confins de l’espace bourré d’action, de batailles spectaculaires et un héros sans peur et sans reproche. C’est à peu près ça. Auteur maniant allégrement les genres et les styles, Brian Stableford, qui nous a malheureusement quitté l’année dernière, était loin d’être un farouche défenseur du fantastique sérieux et premier degré. De la série des Loups garou de Londres à celle des aventures d’Auguste Dupin, détective du surnaturel, sans oublier le très référentiel L’Extase des vampires, ses textes manient régulièrement le second degré, l’excès, voir quelques pointes de parodie. Les six tomes de Grainger des étoiles s’engouffrent totalement dans cette voie, jouant avec les codes et l’échelle du Space Opera, mais en le ramenant toujours au prosaïsme et à l’esprit retord de son personnage principal. Grainger donc, légende du pilotage à travers le cosmos, pratiquant le mauvais esprit et l’opportuniste mesquin, qui se retrouve affublé d’un symbiote invisible pouvant prendre le contrôle de son corps et le noyant sous ses pensées et remarques acerbes. Un duo étonnant qui doit désormais payer durement un sauvetage inespéré alors qu’ils étaient crachés sur une planète désolée, quitte à accepter une mission qui sent mauvais dès la première entrevue. C’est partie pour l’exploration de la planète termitière Rhapsodie, qui tourne court dès le premier pas posé au sol. Entre mouvement de rébellion des mineurs, mercenaires en quête d’une mystérieuse nouvelle forme d’énergie et secte d’illuminés, notre héros ne pourra s’en sortir que grâce à son charme (surfait), son bagou (surfait) et sa chance.
Vitesse lumière
Sympathique terrain de jeu pour un auteur comme Christophe Bec justement plus habitué à la SF sombre, politique et métaphysique, Star Pilot ne réussit cependant jamais à trouver le bon rythme, faisant de Grainger un personnage balloté d’un camp à l’autre, d’une situation à l’autre, trop passif et détaché, tandis que l’humour manque de mordant et l’action de véritable énergie. Tout semble ici étrangement timide, en sourdine, avec un univers étrangement assez vide. Même cette découverte d’un avenir peuplé à profusion de nouveaux humains à l’ADN combiné avec tous les animaux possibles et imaginables (et quelques insectes tant qu’à faire) et la place dès lors assez isolée d’un héros au visage encore totalement humain, ne semble pas vraiment inspirer le scénariste qui n’en fait qu’une petite bizarrerie supplémentaire. Jeune artiste dont c’est là le premier album publié en France, Pedro Vigil, ne fait pas beaucoup mieux, arborant un dessin semi-réaliste tirant vers le naïf (les visages des hommes animaux semblent sortis d’un dessins animé jeunesse), où l’on peut apprécier certaines designs technologiques ou géographiques alien, mais l’ensemble manque de relief et d’énergie pour totalement convaincre.
Un Christophe Bec en petite forme et un dessinateur qui n’a pas encore totalement imposé sa marque pour ce one-shot qui aurait pu ouvrir la voie à une plus large série dédiée aux mésaventures d’un nouveau anti-héros. Malheureusement l’album reste assez anecdotique, presque maladroit.