GODZILLA : LEGENDS
Godzilla Legends #1-5 – Etats-Unis – 2011 / 2012
Genre : Fantastique, Catastrophe
Dessinateur : Matt Frank, Simon Gane, Tony Parker, E.J. Su, Dan Haspiel
Scénariste : Matt Frank, Jeff Prezenkowski, Jon Vankin, Mike Raicht, Chris Mowry, bobby Curnow
Nombre de pages : 128 pages
Éditeur : Vestron
Date de sortie : 21 juin 2024
LE PITCH
Se concentrant sur la redoutable galerie d’ennemis de Godzilla, chacune des cinq histoires de Godzilla : Legends met en lumière un Kaiju face au Roi des Monstres. Ces histoires plongent dans l’esprit d’Anguirus, Rodan, Titanosaurus, Hedorah et Kumonga pour donner vie à l’univers de TOHO !
Comme les cinq doigts de la patte
A la Toho, les kaiju eiga ne se résument pas aux interventions destructrices du roi Godzilla, c’est une vraie petite famille peuplée d’autres dinosaures, de robots, d’araignées géantes ou de monstres extraterrestres. Et c’est cinq d’entre eux qui sont au centre des histoires proposées par cette petite anthologie appelé Godzilla Legends.
C’est qu’au final jusqu’à ce présent volume, les titres comics dérivés de Godzilla se concentraient presque exclusivement sur le rôle-titre, laissant les autres figures plus ou moins connues jouer les guest de luxe. C’est un peu l’inverse ici avec cinq de ses opposants confiés à la bonne garde d’équipes créatives différentes, où Godzilla vient pointer, forcément, le bout de son gros nez radioactif mais sans trop voler la vedette. Une bonne opportunité par exemple pour le vétéran Anguirus, apparus dès Le Retour de Godzilla, connu depuis pour se prendre régulièrement des avoinées dans les longs métrages et qui se retrouve ici fasse au massif Destroyah, largement au-dessus de sa catégorie. Une erreur de dosage d’un appeau imaginé par un scientifique pour attirer ou repousser Godzilla. Un combat titanesque bien mené par Matt Frank, tout tourné vers la destruction, pour une petite historiette qui ne manque pas d’humour.
Le chapitre suivant consacré au ptérodactyle Rodan se montre plus tragique avec une relation conflictuelle entre un scientifique obsédé par l’œuf du colosse, et son gamin adolescent délaissé qui finira par mettre son lycée en danger. Un drame sur fond de kaiju plutôt efficace au vu de la vingtaine de pages allouées, où le monstre reste plutôt en retrait et où les dessins de Simon Gaine mettent aussi l’accent sur les aspects humains de l’histoire.
Batailles monstres
Le chapitre suivant prend un peu la même direction avec son ado se découvrant des pouvoirs psychiques qui va être recueilli par une organisation gouvernementale puis capturé par des aliens de la planète X où pour le coup le méconnu Titanosaurus ne fait que passer. Un récit en forme de prequelle au film de 1975 Mechagodzilla contre-attaque d’Inoshiro Honda, mais qui s’attarde trop sur des détails pas bien passionnants et qui souffre aussi de dessins assez ternes et générique.
L’inverse de l’étonnante proposition dessinée avec une certaine naïveté par Dan Haspel dans laquelle Bobby Curnbow imagine la mission d’un roi de l’escalade extrême envoyé sur le dos de Godzilla pour récupérer quelques échantillons de tissus. Une idée un peu ridicule, mais ce survival décalé où l’araignée Kumonga va venir tendre sa toile, espérant boulotter le lézard, réussit à capturer avec modestie à la fois la menace considérable de ces kaiju sur le monde humain, mais aussi la nature plus profonde de Godzilla, créature incomprise et constamment menacée par des humains qui balancent des missiles avant d’essayer de comprendre.
Mais le segment le plus réussi est celui qui oppose des soldats logés dans le ventre de Mechagodilla au monstre de pollution vivant Hedorah. L’un des opposants les plus mémorables de l’ère Showa (et le film so psychédélique est un délice) qui naturellement porte toujours avec lui un fort message écologiste, mais qui trouve aussi grâce aux planches de E.J. Su une certaine majesté. Ce sont là les pages qui capturent le mieux la puissance des films de monstre de la Toho en se concentrant sur un combat particulièrement dévastateur où Godzilla en personne fait cracher son rayon radioactif sur la bestiole toxique. Spectaculaire.