BOICHI SF SHORT STORIES T.2 : LES SOLDATS SANS NOM

BoichiオリジナルSF短編集 – Japon – 2007 / 2020
Genre : Science-Fiction
Dessinateur : Boichi
Scénariste : Boichi
Nombre de pages : 216 pages
Éditeur : Glénat
Date de sortie : 4 juin 2025
LE PITCH
Des éruptions terrifiantes aux voyages spatiaux, en passant par des monstres sanglants et des héros mystérieux, laissez-vous transporter au-delà des frontières de l’imagination par l’auteur d’Origin and Sun, Ken Rock.
L’avenir avec fracas
Seconde partie de l’anthologie SF des nouvelles signées Boichi, mangaka et illustrateur des plus doués connu pour ses prestations sur Dr Stone, Origin, Sun, Ken Rock, Space Chef Caesar et un spin off spectaculaire de One Piece. Une fois encore le graphisme fait beaucoup à la force d’attraction du volume, mais l’auteur ne manque pas non plus d’idées bien branques.
Là où certains auteurs se concentrent uniquement sur la production de séries au long court, Boichi fait partie de ceux qui aiment revenir régulièrement à une forme plus courte permettant sans doute plus d’expérimentations et des directions plus libres, autant que de répondre à des demandes ponctuelles de diverses revues de BD asiatiques. Du coté des plus curieux on trouve ainsi Stephanos proposition totalement habitée par la mythologie et l’aura biblique (l’auteur est d’origine coréenne, pays très chrétien) où une simple aventure entre une lycéene et un médecin bien plus vieux qu’elle se transforme en nouvel avènement du Messie et en apocalypse démentielle. La scène de l’accouchement est choquante à souhait et la planche, ou plutôt peinture, finale ultra pointilleuse soulignent comme il se doit le souci du détail et la finesse du style Boichi. Plus classique, mais élégamment tendu, The Space Beetwen se joue sur une station orbitaire dans un futur proche où toutes les conquêtes spatiales ont été abandonnées afin de concentrer les moyens sur la préservation de la planète. Mais un homme résiste seul, obnubilé par le rêve des étoiles mais aussi par un certain sens de l’abandon. Un petit quelque chose de Gravity ici, mais où l’accent est mis sur la figure d’un « héros solitaire », constamment habité par sa fonction, son devoir jusqu’à l’ultime sacrifice.
Lonely Heart
Un personnage important du manga, et du shonen en particulier, avec lequel l’artiste s’amusait pour Anti-Magma, conçu au départ que l’introduction possible à une nouvelle série à développer pour Shonen Jump. Là un jeune homme, l’un des rares survivants d’une planète ravagée par des créatures de lave, est envoyé avec un sous-marin / machine, au centre de la terre pour trouver une solution à la sauvegarde de l’humanité. Un déliré épique et méga-spectaculaire, avec en ouverture deux splendides planches couleurs, qui pousse justement les leviers et les clichés du shonen au maximum (le héros ultra positif et ses pouvoirs découverts sur le tard, son acolyte féminine ultra sexy …) s’apparentant presque alors à une parodie du genre. Trop occupé par Terra Formars Asimov, Boichi en restera cependant là. On ressent le même élan vers quelque chose de plus grand dans Il était là, nouvelle la plus longue du volume, où le dernier chauffeur de poids lourd humain traverse l’Amérique et les années, habité par sa mission de transporteur mais aussi son besoin d’isolement et de liberté. Un pitch qui aurait pu être totalement ridicule mais qui pourtant trouve une belle justesse autant dans se portrait d’un homme simple et sympathique, que dans la description des évolutions civilisationnelless et écologiques qui se déroulent en arrière-plan, à visées eschatologiques comme souvent chez Boichi, mais avec un mélange de tendresse et d’humour qui lui permet d’achever le tout à la manière d’un shonen héroïque. Boichi s’amuse, déstructure ses récits, détourne les codes des genres qu’il approche, mais délivre systématiquement des planches amoureusement fignolées, aux décors fouillés et intensément réalistes, aux perspectives soulignées et à la dynamique constante.
Un second volume toujours aussi intéressant, qui ne peut que ravir les amateurs de l’auteur et qui se conclue comme le premier par deux très très courtes historiette façon gag (L’escadron Sushi aurait mérité un manga plus long !) et un texte explicatif sur les origines et les idées derrières chacune des nouvelles.