Ultime chapitre d'une trilogie initiée en 2002 sur Playstation 2, Gungrave GORE aura connu une longue et difficile gestation. Petite arlésienne de presque dix ans d'âge, cet hommage aux jeux de shoot à l'ancienne peine à dissimuler ses coutures et ses grosses rides.
En production depuis quelques années, récupéré par un nouvel éditeur dans sa dernière ligne droite, Gungrave GORE sera forcément passé du statut de soft attendu à celui de projet oublié, au mieux, ou crain, le plus souvent. Une licence pourtant pas forcément des plus cultes mais qui avait connu grâce à son adaptation animée de 2002, une certaine petite aura. D'ailleurs le studio coréen d'Iggymob, qui a entretemps délivré un GunGrave VR vite expédié, ne s'y est pas trompé en voulant jouer sur une certaine fibre nostalgique. Un retour aux fondamentaux du jeu de tir à la troisième personne, sans mondes ouverts, sans cinématiques à rallonges, sans variations réelles et sans temps morts, qui se résume à une mission simple et défoulante : tirer sur tout ce qui bouge. Gungrave GORE propose donc une très longue aventure (plus de dix heures tout de même) mais uniquement constituée d'une avancée linéaire dans des couloirs bien balisés où les vagues d'ennemis, humains ou non, viennent se jeter, comme dans La Marseillaise, jusque dans nos bras.
Un plaisir simple, un tir continue qui brûle les doigts où quelques améliorations de gameplay (grappin, enchainements divers...) viennent dynamiser sensiblement le massacre décérébré proposé. Des assouplissement qui malheureusement auront bien du mal à donner un peu d'aisance à un protagoniste, Grave et son cercueil en bandoulière donc, qui se traine comme un tank dans le décor alors que l'ADN du titre oblige à constamment rester en mouvement et à multiplier les esquives. Des déplacements lourds, pesant et souvent laborieux, qui manquent d'énergie et de fluidité. D'autant plus notable qu'à deux courtes occasions, le jeu permet de prendre le contrôle des acolytes Bunji et Quartz, lui aussi brandissant un gun dans chaque main et elle mettant en avant sa connaissance des arts martiaux, beaucoup plus athlétiques, énergiques et largement moins dark.
Pas désagréable, mais jamais vraiment percutant ni grisant, Gungrave GORE subit autant les coups de son level design volontairement réduit, entrainant le grand retour, pas du tout attendu des murs invisibles, et les aléas de sa production au long court. Si le héros s'en sort honorablement et les créatures monstrueuses tiennent la route, les autres modélisations d'humains sont d'une grande fadeur, et les décors fermés, le plus souvent urbains et répétitifs, se prennent un sacré coup dans la tronche dès que Grave met un pied dehors et découvre les joies d'une nature... tout en polygones. Les animations rigides et lacunaires ne sont pas beaucoup plus en forme.
Arrivé trop tard et de toute façon parti avec de sacrés handicaps, le jeu peine effectivement à convaincre, mais peu répondre aisément à quelques petits plaisirs expédiés et à une certaine nostalgie du shoot'em up bourrin et anti-stratégique... Pour peu qu'on baisse le son de la TV tant le mix et la musique s'avèrent rapidement insupportables.




