Cela fait dix ans maintenant que les coréens de Playmore ont absorbé le catalogue d'un SNK en faillite. Ayant migré de la Neogeo à l'Atomiswave, système Arcade basé sur la Naomi de Sega, SNK Playmore essaie, depuis quelques temps, de faire oublier les désastres artistico-ludiques de ses premiers essais. Neogeo Battle Coliseum apparaît, en cela, comme l'une des premières tentatives de rédemption réellement convaincantes du studio
Rien de bien neuf à l'affiche de Neogeo Battle Coliseum et pour cause, le jeu réunissant au sein d'un énième tournoi à deux contre deux (façon SNK Vs Capcom ou Kizuna Encounter) une quarantaine de personnages issus des franchises les plus célèbres de la firme. Kyo, K' et Iori représentent ici King of Fighters, Terry, Rock Howard, Maï et quelques autres perpétuent la tradition de Fatal Fury, Mr Karaté (version ultime de Ryo Sakazaki, disposant d'absolument tous les coups du personnage depuis sa création en 1993) et Robert Garcia rappellent à notre bon souvenir Art of Fighting, Hanzo, Fuuma et Mudman ressuscitent World Heroes, Marco Rossi et un martien de Metal Slug (déjà jouable dans SNK Vs Capcom) font une entrée remarquée, quatre personnages de The Last Blade (dont Kaede et l'implacable Keiichiro) sont recyclées, de même que cinq de Samurai Shodown (dont Haomaru et Nakoruru)... Même le Cyber Woo de King of the Monsters 2 répond présent, de même qu'une Athena retrouvant la tenue délicieusement péplumesque de son jeu éponyme. Les hommages pleuvent également au niveau des décors, avec notamment un niveau League Bowling superbement animé en 3D grâce à la magie de l'Atomiswave.
Alors que SNK Playmore était jusque là (le soft date de 2005) tristement célèbre pour la paresse de ses artistes, et sa fâcheuse habitude de réutiliser jusqu'à l'écoeurement des sprites éculés, quitte à les déguiser à la va-vite (Metal Slug 4 à 7 en sont des exemples éloquents), Neogeo Battle Coliseum joue la carte du détail, la plupart des personnages étant graphiquement inédits. Mr Karaté, Robert, Mai, les personnages de Metal Slug, King of the Monsters et World Heroes, ainsi que les quatre boss ont ainsi droit à un lifting en bonne et due forme, et la finesse du trait (magnifiée par un filtrage intelligent sur Xbox Live Arcade) ne manque pas de surprendre. Toute aussi surprenante, l'intensité des parties assure au jeu une longévité bien supérieure à celle d'un King of Fighter XII, les interactions entre les deux personnages choisis (dont des attaques spéciales simultanées parfois spécifiques à tel ou tel duo de héros, par exemple Terry et Rock, Kyo et Iori ou Kaede et Haomaru) nourrissant une véritable approche stratégique, particulièrement prégnante en survival (malheureusement le seul mode disponible au-delà de la campagne arcade). Jouissif et accrocheur, et accueillant deux personnages plus ou moins nouveaux (Yuki peut prendre l'apparence du Duke Edwards de Burning Fight ou de l'Atomic Guy de King of the Monsters, et Ai est autrefois apparue sur Neogeo Pocket), Neogeo Battle Coliseum réussit là où SNK Vs Capcom avait échoué, en ne sacrifiant jamais le plaisir de jeu instantané à la vaste charge référentielle.