Un an avant son remake réussi de Long Weekend (voir le lien vers notre critique plus bas à gauche), Jamie Blanks signait son retour australien en s'offrant un joli démarquage supervisé par les producteurs de Wolf Creek. Ceci expliquant sûrement cela.
Certains réalisateurs expérimentent, innovent, recherchent, prennent des risques inconsidérés pour donner à leur cinéma une certaine fraîcheur. Jamie Blanks ne fait clairement pas partie de cette catégorie. Depuis son Urban Legend, se plaçant directement dans les pas de la trilogie Scream et du neo-slasher, le metteur en scène surfe sur les vagues successives du cinéma horrifique, jouant avec les modes et les attitudes de ses petits congénères. Une pratique qui aboutit cependant à des productions loin d'être inintéressantes, malgré une filmographie étonnament courte (quatre longs-métrages en dix ans, pile-poil). En dehors d'un scénaristiquement foireux Mortelle Saint-Valentin, Blanks a sait rendre des copies propres et soignées, ne fleurant certes pas l'originalité mais tablant sur une efficacité experte. Ainsi Storm Warning (pourquoi un titre français comme Insane ?) reprend à son compte la vague récente de torture-flicks et de survivals extrêmes, où les redneck du fin fond des campagne oubliée comptent bien faire passer quelques moments sordides aux Bourgois qui passeraient par là. A cette occasion, Blanks retourne dans son Australie natale, et nous présente une fratrie régnant sur une île désertique au fin fond des côtes escarpées du continent. Des personnages attachants (sic !) qui cultivent l'herbe qui fait rire, mais surtout massacrent les curieux tout en soulageant copieusement leurs pulsions animales.
Trois poètes en somme dans les griffes desquels va tomber un couple bobo a priori dépassé par les évènements. Passée une ouverture presque naturaliste laissant le temps aux futures victimes de se présenter au spectateur, mais permettant surtout au réalisateur de décrire une géographie aussi calme que menaçante (une constante du cinéma australien), les évènements s'enchaînent de manière mathématique, jusqu'à un retournement de pouvoir inattendu, le personnage de Nadia Farès (oui, l'actrice française) se montrant d'une ingéniosité rare. A la manière d'une McGyver gore, la miss imagine quelques booby traps particulièrement scabreux (le piège à bite, il fallait oser) et fait ainsi tourner le long-métrage, jusqu'ici très axé sur une ambiance pesante, vers un Grand Guignol aussi craspec qu'enjoué. Entre plans gores franchement dégueus mais jamais de mauvais goût et délires hystériques tragi-comiques, Insane fait le grand écart sans risquer la moindre luxation. Rien de nouveau au pays des kangourous certes, mais pour autant Jamie Blanks fait preuve une nouvelle fois d'une réelle maîtrise du rythme, d'une grande compréhension de ses personnages et surtout d'un amour communicatif pour toutes les strates du genre. Aussi élégant (cadre et photo sublimes, travellings bien pensés) que brutal (montage serré et jump-cut inattendus), le film s'impose comme un spectacle savamment cuisiné, avec en amorce une légère réflexion sur les oppositions sociales. Au passage, le petit casting se montre tout aussi solide, en particulier les trois sociopathes (un père sadique et ses fistons qui font tout pour lui ressembler), aussi flippants que pathétiques. Donnant dans le court, le direct, sans fioriture aucune, Blanks signe une nouvelle fois un petit film méchant et efficace digne de l'excellent artisan qu'il est.




