Plus vif que le serpent, c'est Cobra ; Personne ne l'aperçoit, c'est Cobra ; Mais il est toujours là... Après trop d'années d'absence, l'homme au psychogun et à l'ironie imparable revient pour semer le bordel dans la galaxie dans une nouvelle série TV. La virtuosité des premières années n'est peut-être plus là, mais ses jolies partenaires et l'action sont bel et bien au rendez-vous.
Adulé par les trentenaires et pas mal de quadras l'ayant découverte en avant-première sur Canal +, la série animée Cobra est restée dans les annales autant pour la sophistication de sa réalisation que la fluidité de son animation et bien entendu la décontraction extraordinaire de son héros au juste-au-corps rouge vif, dont le visage rappelait volontairement les traits de notre Bebel national. Il aura pourtant fallu attendre trente ans pour que les 31 épisodes initiaux connaissent une suite à la télévision (après une mise en bouche de 6 OAV qui devraient sortir à leur tour en Blu-ray très prochainement). Un évènement si tardif que la comparaison fait forcément un peu mal au premier regard, l'équipe artistique ayant changé du tout au tout. On est ainsi loin de la mise en scène outrancière et délirante de l'immense Osamu Dezaki (Lady Oscar, Golgo 13), remplacé ici par un plus académique Keizô Shimizu (vétéran ayant œuvré sur Astro Boy ou Dirty Pair), des musiques pop-jazz de Kentarô Haneda (Sherlock Holmes) auxquelles succèdent les mélodies basiques d'un Yoshihiro Ike (Blood the last vampire). Les années ont passé et l'univers de Cobra s'est quelque peu « normalisé », avec un générique gentiment pantouflard et surtout un design plus épuré avec des visages plus doux et moins caricaturaux.
Une trahison ? En somme non puisque le studio Guild Project, qui reprend ici directement les chapitres suivants du manga noir & blanc, s'inspire largement de la tonalité plus sombre des derniers mangas en couleur (visible par l'utilisation marquée d'images de synthèse très proches du travail infographiste de la BD), restituant ainsi plus fidèlement que jamais toute la richesse de l'univers crée par Buichi Terasawa. Pirates de l'espace, créatures féminines aux formes pleines et généreuses vêtues de très courts bikinis, plantes carnivores aux dents en diamants, mondes parallèles, planète errant dans l'espace, trésors millénaires.... Le mélange détonnant de James Bond, de polar noir, de western et de space opera décomplexé fait toujours merveille, grâce à un rythme rondement mené, une animation de grande qualité pour une production TV, des scènes d'action bien calibrées et la personnalité décontracté de Cobra, aussi séducteur que gaffeur, fataliste qu'éternel optimiste. De multiples facettes que la voix française, Jean-Claude Montalban, a pour une fois compris avec subtilité. Toujours aussi drôle et délirante, cette nouvelle série (13 épisodes seulement) ne retrouve donc pas l'aura culte de son modèle, mais parvient à faire revivre avec brio l'un des personnages les plus charismatiques de l'histoire du manga. Et puis, comment résister à la plastique hallucinante des nouvelles Cobra-girls ?


