Tourné dans la foulée de l'immense West Side Story, Deux sur la balançoire est souvent considéré comme une récréation, une reprise de souffle pour Robert Wise. Une ambition plus modeste mais avec deux stars à l'affiche, Robert Mitchum, Shirley MacLaine, ainsi qu'une volonté de sublimer l'exercice du théâtre filmé.
Sorti de l'important projet West Side Story et porté par son succès phénoménal, Robert Wise ne va pourtant pas enchainer avec une nouvelle grosse production, attendant jusqu'en 1965 pour délivrer son second carton musical avec La Mélodie du bonheur. Entre ces deux réussites pleines de musiques, de danses et de grands sentiments, il opte d'ailleurs pour des propositions presque totalement opposées avec le traumatisant et époustouflant La Maison du diable et juste avant le drame sentimental Deux sur la balançoire. Comme pour son essai horrifique, ce dernier est d'ailleurs dans un noir et blanc élégant, mais il se montre plus économe encore en adaptant la pièce à succès de William Gibson (Miracle en Alabama) concentré sur deux personnages seulement, constamment circonscrits à leurs deux appartements newyorkais. Robert Wise est bien entendu bien trop expérimenté et doué pour se contenter à jouer la carte du théâtre filmé, et va alors développer des astuces de mises en scènes aussi discrètes que lumineuse pour offrir une vraie aura cinématographique à un dispositif au départ fermé. Quelques petites séquences en extérieurs (aux accents de films noirs parfois) viennent donner quelques respirations à l'ensemble, mais se sont surtout sa caméra étonnement mobile, ses habiles champs/contre-champs où déjà se dessine le déséquilibre du couple et ses faux split-screen (en fait deux décors accolés) lors des nombreuses conversations téléphoniques, qui démontrent une nouvelle fois son incroyable maitrise formelle.
Un vrai film de Robert Wise donc, mais qui peine cependant, il faut l'avouer, à donner une véritable impulsion à cette rencontre pourtant attendue entre l'insolente et bohème Shirley MacLaine et le blasé et immuable Robert Mitchum. Texte très moderne pour ce début des années 60, Deux sur la balançoire profite pleinement d'un essoufflement du Code Hays pour venir aborder le plus naturellement du monde la difficile question du divorce, des nouvelles relations amoureuses, de la liberté sexuelle des femmes, l'évolution des relations amoureuses... Mais la trame principale, cette relation sincère mais impossible car hantée par l'ex-femme (invisible) et par l'incompatibilité des désirs de vie, se perd un peu dans la répétition de certaines situations et dialogues et un étrange manque de passion partagé par les deux acteurs. Etonnant quand on sait que Mitchum et MacLaine eurent brièvement une vraie relation au cours du tournage. Peut-être trop technique, trop maitrisé, trop contenu, Deux sur la balançoire est le témoin très intéressant des changements sociétaux de l'époque et le rappel des talents incroyable du cinéaste Robert Wise, manque cependant cette étincelle, cette fusion réelle entre les acteurs et leurs personnages (Mitchum surtout semble constamment à distance) pour véritablement en faire un film inoubliable.


