Deux ans après le cauchemar en arctique de The Thing, Iceman découvre un nouvel être vivant préservé dans les glaces immortelles : un homme de Neandertal. Exit l'horreur place à l'émotion et à la confrontation entre deux humanités qui n'ont pas forcément l'intention de se bouffer mutuellement.
Projet longtemps envisagé par l'éclectique Norman Jewison (Dans la chaleur de la nuit, Rollerball, Un Violon sur le toit), Iceman sera finalement confié par ce dernier au réalisateur australien Fred Schepisi qui avait connu dans son pays d'origine un certain succès avec The Devil's Playground, The Chant of Jimmie Blacksmith et La Vengeance mexicaine. Un expatrié de la Ozploitation qui se passionne littéralement pour son sujet, sans doute parce que malgré le contexte géographique des plus réfrigérés, il y retrouve en forme sous-jacente des réflexions sur le rapport entre l'homme et la nature, l'ordre naturel et la modernité, sur le retour à une certaine animalité qui traverse régulièrement le cinéma australien. Le métrage est d'ailleurs lui aussi constamment cisaillé entre deux aspirations : d'un côté une illustration extrêmement fouillée et informée des nombreuses notions scientifiques exposées par les personnages, de l'autre un regard toujours plus porté sur l'émotion et l'humanité que sur une quelconque artificialité. Si effectivement les théories d'apparences fantasques sur les raisons qui auraient permi à cet homme renommée Charlie de « survivre » 40000 ans dans la glace sont pourtant très loin d'être basées sur du vent, Fred Schepisi ne semble presque en souligner que les aspects les plus poétiques, soit l'importance inattendue du pollen de fleur dans le processus.
Scruté, étudié, scanné, prélevé de toutes parts, cet homme sauvage n'en reste pas moins celui qui semble le plus humain dans cette base scientifique isolée. L'équipe largement bienveillante (dont un Danny Glover dans son premier rôle notable), s'efforce constamment de comprendre son comportement, son langage, de créer un lien avec lui, mais mettra bien trop de temps à reconnaitre tout simplement sa douleur. Certain en aurait tiré un thriller, voir un conte fantastique familial, le futur auteur d'Un Cri dans la nuit, La Maison Russie ou Six degré de séparation, préfère en faire un mélodrame civilisationnel tirant peu à peu vers le conte tribal. Imparfait et souvent trop sur la réserve, mais constamment touchant, Iceman marque aussi peut-etre et surtout par la connivence qui s'installe à l'écran entre les deux excellents acteurs que sont Timothy Hutton (Des gens comme les autres, Le Jeu du faucon, La Part des ténèbres...) en jeune scientifique passionné par son sujet, et John Lone (L'Année du dragon, Le Dernier Empereur) méconnaissable derrière un maquillage certes un peu lourd, mais qui n'empêche en rien la crédibilité de son interprétation. Leurs scènes communes, toutes en finesses, quelques bribes de mots et beaucoup de simples regards, jouent à merveille sur la notion de proximité entre ses deux extrémités de l'histoire humaine, comme un simple effet miroir.


