Mélange de comédie roublarde, presque bon enfant, et des codes du cinéma d'horreur avec quelques débordements sanglants à la clef, Sweetie, You Won't Believe It a forcément fait sensations dans les festivals où il a eu la chance d'être présenté, dont notre Etrange Festival national. Une vraie bonne surprise dont l'une des particularités étonnantes est d'être natif du Kazakhstan.
Pour ceux qui savent que le cinéma Kazakh existe (car oui faut-il encore le savoir) celui-ci se limite à quelques grandes drames politiques, quelques polars très noirs et des productions épiques en costumes qui peuvent même avoir une petite chance de connaitre une distribution sur nos écrans ou en Home Cinema. Alors forcément, Sweetie, You Won't Believe It est une sacrée surprise qui s'engouffre énergiquement dans la comédie bien foutraque et qui s'égare avec générosité vers les codes horrifiques voir gore. Surtout, occupé jusque-là à des comédies de mœurs un peu plus conventionnelles, Yernar Nurgaliyev connait ses classiques et ne pourra pas s'empêcher de se rapprocher de la tonalité presque enfantine d'un Shaun of the Dead ou de reprendre à son compte une structuration qui n'est pas sans évoquer le cinéma de Tarantino, mais, tout comme sa trame scénaristique classique et presque prévisible, il l'assume de bout en bout sans jamais s'y empêtrer. Limitant essentiellement son décor à un cours d'eau, quelques cabanes plus ou moins délabrées et des kilomètres de pampas isolée, il sait aussi faire rapidement oublier un budget surement très limité par une surprenante efficacité de sa mise en scène (pour ne pas dire inventivité) et une énergie bien pêchue qui entraine tout sur son passage.
En tout juste 80 minutes, Sweetie, You Won't Believe It enchaine joyeusement les péripéties rocambolesques, suivant d'un côté trois potes rêvant d'une journée pèche en toute liberté, et de l'autre une famille de truands façon pied nickelés (l'un s'évanouit ou vomit systématiquement à la vue du sang) avant que les deux bandes ne se croisent pour mieux devenir les proies d'un serial killer ne voyant pas d'un bon œil ces touristes en goguette. A cela s'ajoute aussi au passage une famille de dégénérés, pompistes de père en fille, à la recherche d'un gentil fiancée pour assurer la descendance. Une bonne dose de survival redneck 70's dans une aventure qui malgré de vrais jaillissement gores ressemble le plus souvent à un cartoon live avec ses gags gamins et complètement crétins, mais hilarant, transformant une collection de poupées gonflables défectueuses en barque improvisée, multipliant les hameçons plantés aux mouvais endroits, les poursuites aux limites du cartoon et les morts parfaitement absurdes sans une once de gravité. Le film se dote même de très belles scènes aussi drôles que solidement construites, comme lorsque deux gaillards nous rejouent une scène de Don't Breath dans la cabane du pécheur mais en poussant la logique jusqu'au surréalisme entre une partie de 1,2,3 soleil et une performance de Bugs Bunny.
Un divertissement tout à fait réussi, sans temps mort et constamment porté par une bonne humeur communicative, où affleurent tout de même une petite critique amusée de la virilité du monde moderne en terre kazakh, le héros Dastan semblant toujours bien moins effrayé par cette virée chez les sociopathes associés que par la perspective de retrouver son épouse enceinte jusqu'aux yeux et franchement un poil castratrice. Tout est question de perspective.





