Véritable acmé de la fameuse Catégorie III autant dans la frontalité insolente de ses débordements que dans l'excellente tenue de sa production, Ebola Syndrome est un pur joyau de mauvais goûts et de méchanceté gratuite, une performance du chaos.
Petit monde fourre-tout né de la frustration de décennies de censure aveugle et absurde et d'une furieuse envie de producteurs avisés de se faire un maximum de fric avec un investissement minimal, la Catégorie III croise autant les films d'horreur les plus glauques, l'érotisme (enfin ?) frontal, l'opportunisme le plus outrageant et la bêtise la plus crasse. Bien entendu au milieu de toute cela quelques essais remontent aisément à la surface/ Comme Ebola Syndrome qui d'une certaine façon résume à lui toute seule tout le potentiel de ce classement supposé honteux. Aujourd'hui plutôt assagi et signant quelques spin-off de Ip Man et des grosses productions catastrophe comme Shock Wave, Herman Lau avait déjà signé un très proche The Untold Story en 1993, récit barbaque et brutal de la trajectoire sordide d'un serial killer incarné par le sidérant Anthony Wong (Time and Tide, Infernal Affairs). Presque un remake, Ebola Syndrome en reprend les grandes lignes et une bonne part de la construction, mais les croisent sous la commande du producteur averti Wong Jing (God of Gamblers) avec les vagues effluves du récents carton américain Alerte ! Là où le film américain se voulait cérébral, froid et policé, le versant maléfique made in HK répond par tous les débordements, faisant du fameux et terrifiant virus une réalité des plus... suintantes.
Du film catastrophe à la catastrophe filmique, le film décrit donc la trajectoire destructrice de Kai, sociopathe peu recommandable, déjà auteur d'un double meurtre particulièrement crapuleux, et s'avérant l'heureux porteur sain du virus après avoir violer une pauvre africaine en pleine agonie. Toute personne qu'il touche, contamine par ses propres sécrétions est donc voué à une mort des plus atroces. Alors quand il sert dans son restaurant une un bout de viande dans lequel il s'est masturbé ou qu'il transforme sa dernière victime en hamburger local, on est pas loin de toucher le fond. Description totalement nihiliste d'un monstre à visage humain, trop ordinaire et beauf pour être véritablement impressionnant, Ebola Syndrome est le reflet d'une civilisation minable, égoïste, stupide et surtout rarement innocente qui va alors connaitre les pires outrages. Effets méchamment gores à gogos, scènes de culs (rarement consenties) à la sensualité très absente, gamine qui manque de se faire cramer, cannibalisme involontaire, victimes démembrées, animaux découpés pleins cadres... Le film assume son spectacle peu ragoutant et teinte le tout d'un humour vicelard, dont le second degré constant n'atténue jamais la noirceur du tableau. Porté avec frénésie par l'indécrottable Anthony Wong, au firmament de la dégénérescence, Ebola Syndrome est une authentique comédie de sale gosse où il est difficile de ne pas se bidonner bêtement devant l'acteur crachant sur les forces de l'ordre pour les faire reculer en criant « ebola ! ebola ! ebola ! » d'une voix haut perchée.
Le comble d'Ebola Syndrome restant le talent évident d'Herman Lau pour dépasser aisément le spectacle bis digne d'un nanar italien d'Umberto Lenzi et autre Joe D'Amato, par une authentique efficacité dans la mise en scène, le montage et le rythme. Le savoir-faire hongkongais au service d'un film affreux sale et méchant. Irrésistiblement outrancier.




