Rejeton direct d'une saga Scream naissante, Urban Legend fait partie de la poignée de Neo-slashers qui a réussi à garder une petite aura vingt ans plus tard. Pas un classique loin de là, mais un film d'horreur teen relativement malin et surtout particulièrement bien troussé.
Sorti sur les écrans à peine un an et demi après le succès du Scream de Wes Craven et Kevin Williamson, Urban Legend est cependant déjà le deuxième film du genre produit par Neal H. Moritz, (désormais fier tonton de la saga Fast and Furious) juste après le très classique Souviens toi l'été dernier. Opportuniste forcément, surtout lorsqu'il voir passer le script du débutant Silvio Horta (Ugly Betty) qui, en définitive, ne fait que remplacer les multiples références cinématographiques de Scream par celles à de fameuses légendes urbaines, elles-mêmes souvent à l'origine de films d'horreur bien connus comme Black Christmas ou Terreur sur la ligne, eux-mêmes cités dans... Scream. On y revient toujours. D'ailleurs les cours en histoire du cinéma de Scream 2 sont remplacés par ceux sur ces légendes urbaines donnés par un certain Robert Englund. Du coté des guest de cet acabit on notera aussi celle de la jeunette Danielle Harris (nièce de Myers dans Halloween 4 et 5) en colloc gothique et autodestructrice et bien entendu Brad Dourif (entre autre célèbre voix de Chucky) en propriétaire inquiétant de station essence. Un personnage qui apparait dans une séquence d'ouverture choc et bien tendue, annonçant parfaitement la couleur puisque n'étant pas sans rappeler le sketch signé par John Carpenter pour le téléfilm anthologique Bodybags.
Une parenté avec le maitre de l'horreur que n'a jamais caché Jamie Blanks, ici lui aussi débutant, véritable admirateur du créateur d'Halloween, et dont on retrouve, toute proportions gardées, un véritable respect pour le genre. Si références il y a, elles sont sans cynisme aucun, le réalisateur préférant marier comédie de campus et horreur avec un sérieux presque inébranlable. Ses personnages d'ados d'ailleurs, tous interprétés par des jeunes gueules échappées de la télévision comme Alicia Witt (Cybill), Jared Leto (Angela 15 ans), Joshua Jackson (Dawson), Rebecca Gayheart (Beverlly Hills 90210) ou Michael Rosenbaum (Smallville), s'avèrent mieux incarnés et crédibles que la moyenne et déjouent avec une certaine sobriété les figures archétypales habituelles. Le whodunnit attendu fonctionne plutôt bien et les meurtres, gentiment brutaux voir spectaculaires, développent la thématique « urban legend » avec une mécanique parfois un peu forcée, c'est surtout le travail de Jamie Blanks qui assure la réussite de l'ensemble, s'appuyant sur une photographie léchée, sur une construction de la tension parfaitement gérée, des atmosphères parfois à la lisière du fantastique voir du giallo (sillon qu'il creusera avec le suivant Mortelle Saint Valentin) portée par la bande originale tortueuse et inquiétante d'un Christopher Young particulièrement inspiré. De quoi faire oublier en effet un petit manque de profondeur justement sur la raison d'être et la portée de ces fameuses légendes urbaines (on reste ici dans le gimmick), et une approche plus adulte du slasher manifestement un peu étouffé dans l'œuf par la production de l'époque.
Sans prétention, mais divertissant, efficace et solidement mis en scène, Urban Legend connaitra comme ses petits camarades ses propres suites, en l'occurrence bien moins recommandables, tandis que Jamie Blanks continuera de démontrer un temps son approche farouche du cinéma d'horreur avec Mortelle Saint Valentin, Storm Warning (ou Insane) et le remake de Long Weekend... Eux non plus pas vraiment jugés à leur juste valeur.




