Un slasher réalisé par Carpenter ça vous dit ? On vous arrête tout de suite ce n'est pas avec Halloween et Big John que vous allez passer la soirée mais avec Massacre au Dortoir (co)réalisé par Stephen Carpenter. Dit comme ça, ça ressemble à une version au rabais, et c'est loin d'être faux, mais ça ne veux pas dire que vous allez forcément passer un mauvais moment.
La ressemblance entre les deux réalisateurs ne s'arrête pas seulement à l'homonymie de leurs nom de famille et au genre de leur film mais aussi dans leur parcours respectifs. Ils ont, en effet, tous les deux fait leurs études de cinéma à l'UCLA, l'Université de Californie à Los Angeles et utiliser leurs travaux d'étudiant comme porte d'entrée pour le grand écran. C'est le cas de The Dorm That Dripped Blood, Massacre au Dortoir en vf, qui est d'abord un film tourné dans le cadre de l'école, par Stephen Carpenter et Jeffrey Obrow pour un très petit budget et pour incarner les jeunes adolescents qui vont passer à la casserole, des acteurs (très) amateurs qui se limiteront pour la plupart à ce projet. Les ressemblances s'arrêtent ici, puisque si le Dark Star de Carpenter (et Dan O'Bannon) était lui aussi un projet étudiant modifié pour une sortie salle, sa relative réussite permis à ses créateurs de donner leur plein potentiel sur leur travaux suivants (et quel potentiel !), et si certains collaborateurs du film vont avoir un jolie parcours par la suite, Chrisopher Young à la musique (Hellraiser, Spider-Man 3, Jusqu'en Enfer) et Matthew Mungle aux maquillages (Dracula de Coppola, La Liste de Schindler, Midnight Meat Train) ce ne sera pas le cas des deux réalisateurs, qui après deux autres films d'horreur disparaitront des radars.
Massacre Au Dortoir est un slasher dans le sens le plus basique du terme, tous les éléments constituants du genre sont là, un groupe de jeunes étudiants composées à 90% de personnes dont le QI ne dépasse pas 20, qui vont se retrouver traqué et éliminé les uns après les autres par un mystérieux tueur avec des armes diverses et variées. De ce côté là, le film ne déçoit pas et offre plusieurs mises à mort très graphiques et sadiques. Mains tranchées, tête forée par une perceuse, batte cloutée plantée dans un crâne, les maquillages et effets spéciaux sont clairement le point fort du film. Crus et réalistes, ils tiennent encore assez bien la route de nos jours, surtout considérant le très faible budget du film (100 000 dollars), et surtout seront les seuls éléments qui provoqueront une implication émotionnelle du spectateur, de dégout certes, mais qui surprendront agréablement après avoir, au mieux, ri des personnages ou être dépité de leur conversation ou leur actes.
Car si les effets spéciaux fonctionnent, la mise en scène est loin de leur faire honneur. Extrêmement plate, le film multiplie les plans fixes et longs ressemblent plus à de l'économie de pellicule qu'a une vrai volonté de découpage et les vues subjectives du tueur ne sont qu'un décalque des deux autres séries de slashers de l'époque, Halloween et Vendredi 13. Un meurtre trahie d'ailleurs ce manque d'inspiration et de compréhension des auteurs, celui d'un femme étranglée dans sa voiture, qui est une repompe de celui du premier Halloween quand Micheal Myers apparaissait sur le siège arrière d'une voiture, ici, la future victime attend dans une voiture côté passager et à l'arrière plan le bras du tueur passe par la fenêtre côté conducteur pour ouvrir la porte arrière et pouvoir se glisser derrière elle, par chance elle ne tournera jamais la tête. A défaut de faire monter le suspens, cette scène fera surtout monter le rire.
La qualité d'appréciation du visionnage dépendra donc surtout de votre état d'esprit. Si vous cherchez le frisson ou une petite perle méconnue du cinéma d'horreur, passez votre chemin, le long métrage est trop amateur et sa réalisation trop fainéante pour provoquer l'intérêt , au contraire si vous êtes en recherche d'un nanar pour une soirée bière et pizza entre ami(e)s, Massacre au Dortoir remplira parfaitement sa fonction.





