Amoureux d'un cinéma SF qui sent la naphtaline, entre sensationnalisme aveugle et patriotisme béat, Roland Emmerich n'a manifestement toujours pas fini de casser ses jouets et décide carrément de nous balancer la lune sur la tronche. Si au moins c'était drôle...
Grand spécialiste du film catastrophe planétaire et du gigantisme apocalyptique, Rolan Emmerich aura presque entièrement charpenté sa carrière américaine par des visions de destructions terrestres orchestrées à coups de milliards balancés sur écrans géants. Déjà bien raz du sol dans les 90's avec Independence Day et le sacrilège Godzilla, la formule mêlant visions rances d'un monde assujettis à la grandeur américaine et spectacle popcorn conçu par un enfant des 50's, n'a fait que péricliter de films en films touchant le fond, qu'on croyait, avec un Indépendance Day : Resurgence qui aurait dû boucler la boucle. Que nenni, Emmerich et son camarade scénariste (bien grand mot) / compositeur Harald Kloser avaient encore un concept nawak à nous proposer : voilà-t-y pas que la lune dévie de son orbite et se rapproche dangereusement de notre planète. L'occasion bien entendu de donner à nouveau corps à des séquences de destructions massives : inondations géantes, raz de marée, pluies de météorites dans la nuit, tremblements de terre, dérèglement climatiques et même chaos gravitationnelles. De belles promesses incarnées dans des environnements en images de synthèses aussi lisses que vides. Quelques rares jolies images persistent, dont cette Lune de plus en plus colossale sur l'horizon, mais désespérément vide, désincarnés de présence humaine et donc d'impact.
Un film catastrophe à distance qui oublie que l'implication pour le spectateur ne repose pas que sur le grandiloquence mais plus encore sur le contraste des échelles : l'immuabilité de désastres naturels implacables venant détruire le confort de petits humains. Ces derniers sont pourtant le plus souvent absents du film, aussi terriblement mal écrits, caricaturaux (aaah la famille recomposée et l'ado rebelle...) que fadement interprétés, laissant des acteurs comme Halle Berry ou Patrick Wilson étaler à chaque instant un ennui parfaitement communicatif. Un danger qui semble alors bien lointain, factice, sauf peut-être dans cette courte scène, seule vraie décès du film, où Michael Pena se sacrifie en donnant son respirateur à sa fille et la regardant s'éloigner dans la neige. Mais Emmerich préfère célébrer la pertinence d'un geek adepte des théories du complot (John Bradley vu dans Game of Thrones) détenant avant tout le monde la vérité et se retrouvant propulsé conseiller scientifique, puis cosmonaute et sauveur du monde. La suspension de crédibilité malmenée à l'extrême jusqu'à une révélation attendue qui transforme le film dans son dernier tiers en petit délire SF aux ambitions boursoufflées sur fond de révélations cachées sur les origines de l'humanité. Rien que ça.
Compilation de tous les travers connus du réalisateur, lardé d'autocitations embarrassantes (2012, Le Jour d'après, Stargate...) et surtout divertissement mollasson ne proposant pas une idée qui n'ait pas été vue ailleurs en mieux, Moonfall n'est qu'une lente et laborieuse chute.




