Produits aux alentours d'un certain Creepshow et sorti quelques semaines à peines avant la version cinéma de La Quatrième dimension, En plein cauchemar tente de faire sa place dans le milieu très fermé des films à sketch d'épouvante. Quatre petites propositions modestes qui peinent souvent à cacher leurs origines télévisuelles.
Il est établi en effet que les trois premiers scénarios concoctés pour ce film à sketch aient été au départ commandités par la NBC, détenue par Universal, afin de venir nourrir un nouveau programme anthologique façon Night Gallery. Ecartés car jugés trop effrayants pour la lucarne (selon la légende) ou gardés sous le coude suite à l'annulation simple de la case prévue (plus crédible), ils regagnent de l'intérêt pour le studio lorsque l'excellent Creepshow de Romero et Stephen King offre un second souffle aux fameux films à sketch. On y ajoute un quatrième segment pour rallonger la sauce, on ne s'enquiquine même pas à trouver un fil conducteur commun ou à créer un habillage pour encadrer l'ensemble. Les différentes histoires partagent cependant quelques points communs, en particulier les trois premières toutes écrites par le même Christopher Crowe (Le Dernier des mohicans de Michael Mann est son unique grande prouesse) qui appose à chacun une imposante morale se retournant contre les travers de ses personnages. Dans Terror in Topanga l'addiction à la nicotine pousse une femme (Christina Raines vue dans La Sentinelle des maudits) à sortir seule de nuit alors qu'un serial killer rode dans le quartier, tandis que The Bishop of Battle montre comment la fascination pour les jeux vidéo du jeune Emilio Estevez va le confronter à un programme bien trop fort pour lui et enfin The Benediction lance aux trousses de Lance Henrickson, prêtre en pleine crise de foi, un camion satanique.
Un petit coté sermonneur assez classique pour ce genre de courts métrages, mais qui tranche avec le final Night of the Rat, écrit pour le coup par un certain Jeffrey Bloom, home invasion où une petite famille moyenne américain voit sa maison ravagée par un rat géant. Inspiré tour à tour par quelques légendes urbaines (l'idée du premier sera d'ailleurs repris avec beaucoup plus de cruauté par John Carpenter dans l'amusant Boddybags) ou de récentes sorties plus reconnaissables comme TRON ou Duel, En plein cauchemar manque toujours d'un petit quelque chose en plus, d'une atmosphère, d'une pointe de sadisme ou d'une ironie bienvenue. Constamment premier degré et réalisé avec une sobriété efficace dans un environnement réaliste et contemporains, ils portent la marque du réalisateur artisan Joseph Sargent capable du meilleur avec l'impeccable Les Pirates du métro, comme du pire avec le sidérant Les Dents de la mer 4, mais qui ne semble jamais totalement à son aise ici. Certes l'aspect slasher du premier segment et la monté en tension du dernier sont rondement mené, les effets spéciaux du second plutôt impressionnants (il faillirent mettre le film sur la paille et explique la pathétique incrustation du rat géant pour le final) et l'atmosphère du troisième, avec en particulier un camion qui sort littéralement de terre, plutôt bien posée, mais rien qui ne le démarque justement d'une sympathique série télévisée. Un joli casting, des opus bien produits, un film jamais vraiment ennuyeux mais pas de quoi le rendre vraiment mémorable malheureusement.