Dans le cadre de notre interview avec la maison de distribution Tetro video, nous avons mis la main sur ILL : Final Contagium. On s'attendait à de l'horreur trash, chronique d'un B movie en demi-teinte.
ILL : Final contagium est un film de commande initié par Domiziano Cristopharo qui agit en qualité de producteur et réalisateur principal. C'est pourtant trois autres afficionados du genre horreur malaisante qui le rejoindront sur le projet de ce film à sketchs, en quatre actes.
Le premier sketch se déroule au Chili, un homme entre dans un hangar désaffecté avec une valise en ferraille où est noté : « Propriété de l'armée chilienne ne pas ouvrir ».
Un peu plus tard, il festoie avec deux jeune demoiselles en discothèque, qui ne sont là ni pour ses beaux yeux, ni pour le sexe, mais pour le dépouiller de son argent. Ces arnaqueuses en goguette, se saisissent du contenu de la valise, une poudre blanche épaisse s'en extirpe et des liasses de billets. Il sera trop tard lorsque l'horreur et la mort les frappera. Dans ce segment, on voit tout particulièrement la chaleur des influences latines, et les mêmes échelles de représentation que la Giallo de la période du maître Lucio Fulci. C'est très flagrant sur les inserts, et le maquillage d'effets spéciaux. Ici on ne fait pas dans la dentelle : fractures ouvertes, le sang est non pas rouge, mais brun. La contagion est bien visible, elle se répand sous forme de pustules noirâtres sur les visages hurlants de douleur. Pas de doutes, nous sommes bien en terrain extrême, là où l'horreur satisfait un certain appétit pour la chair humaine.
Le deuxième acte se joue en Italie, c'est un huis-clos assez lent dans l'exécution, la contagion est plus perfide car quasiment invisible. C'est l'histoire d'un chômeur lambda en galère, qui commet le coup fourré de trop. Nous sommes plus dans une approche Cronenbergienne, où la psychologie a une place prépondérante sans nous épargner le body horror cher au maitre canadien. Rongé à la fois par la culpabilité et une maladie étrange, c'est un moment difficile à traverser avec sa petite amie. Elle finira par abdiquer devant le malaise de son compagnon, l'isolant définitivement dans son appartement. La faim insatiable qui le tenaille, le transforme peu à peu en créature hideuse.
Ce segment nous montre que les auteurs sont totalement libres dans leur approche, et quand c'est bien fait comme ici, c'est une réussite.
La douche froide commence au Kosovo, avec un sketch qui met en scène une femme transgenre, qui se voit infectée après une chirurgie plastique douteuse. Ce segment teinté d'une approche érotique plutôt maladroite, nous rappelle que le cinéma extrême est à l'orée du bois de la pornographie. Car les deux genres partagent cette même symbolique du voyeurisme crasse. Les inserts montrent ce goût de la peau, ce goût de la chair humaine et des humeurs, et c'est avouons le très bien fait. Mais le sous texte du segment s'arrête là, car ceci nous évoque une volonté de faire du sensationnel pour le sensationnel. C'est la même démarche que dans un spectacle de monstres de foire, où l'on exhibe les personnes avec une particularité physique peu commune pour les stigmatiser et en tirer profit. Le segment rate, alors totalement son propos par manque d'empathie pour son personnage, ne la réduisant qu'à l'état d'artifice tape à l'œil pour voyeurs.
Le dernier acte qui se joue en Allemagne amorce une approche found footage, c'est le journal encodé par un père via sa webcam, comme un appel à l'aide dans la tourmente de la fin du Monde. Et là encore ce n'est pas glorieux, car ce sont les choix au montage qui rendent le tout très brouillon, et peu crédible. Sur les séquences encodées pour être diffusées sur le net, il y a un oubli majeur dans le montage, le changement de caméra. En effet, ce sont des plans rapprochés mimant une webcam, mais lorsqu'on ajoute du bruit sur la pellicule pour donner un effet vidéo crade, on change le format pour passer en 4/3, on rajoute du bruit et grossi le grain pour donner l'effet désiré. Ici, non, on reste sur une image très propre en 16/9, avec une toute petite ligne parasite comme sur les tubes cathodiques, et le résultat est complétement raté. De ce fait, on décroche rapidement des amputations infligées au jeune homme, même si la qualité des effets spéciaux est là, et suffisamment bien intégré pour faire illusion. Quel dommage ! Cette idée de clore sur une ambiance de fin du Monde, sur un find footage comme toute bonne série B de pandémie peut savoir le faire, laisse un léger gout d'inachevé.
Ce n'est pas un si mauvais film que ça, il y a des bonnes idées et le soin apporté à la photographie et aux effets spéciaux montre une qualité indéniable. Néanmoins, le caractère très inégal des segments, et les maladresses de transitions le rendent somme toute assez anecdotique.






