Au-delà du voyage de l'équipage de l'Enterprise, une notion fait son chemin depuis les quelques phrases énoncées dans le générique de la série originale : celle de l'Ultime Frontière. Pas sûr que la réponse apportée par le film homonyme satisfasse les trekkies.
La jalousie est un très vilain défaut. C'est pourtant ce qui a motivé la présence de William Shatner (Capitaine Kirk) derrière la caméra pour ce cinquième épisode cinématographique. Vexé de ne pas avoir pu prendre jusque là les commandes d'un projet (alors que Nimoy avait fait pression pour réaliser les deux précédents), le nouveau flic de Hooker se prend d'une ambition évidente pour son baptême du feu. Après un voyage temporel rigolard dans Retour sur terre, L'Ultime Frontière flirte ni plus ni moins avec la possibilité de rencontrer Dieu tout puissant. Un sujet particulièrement opportun dans l'univers Star Trek et qui aurait dû apporter une lecture plus philosophique à des longs-métrages qui en manquent bien trop souvent. C'est l'occasion aussi pour ressortir de nulle part un demi-frère à Spock, version passionnée et extrémiste du Vulcain. D'excellentes bases en somme, surtout qu'à l'origine du scénario Shatner évite l'écueil des précédents essais, se rappelant que Star Trek ne repose pas sur l'opposition Spock / Kirk, mais bien sur la trinité formée avec l'excellent Docteur McCoy.
C'est d'ailleurs là l'origine de meilleures séquences du film, discourant sur leur étrange et indéfectible amitié, leurs conflits et leur complémentarité. Gardien du temple et grand absent de la récente relecture par J.J. Abrams, Shatner connaît l'univers et les composantes de la création de Gene Roddenberry par cœur et en joue à la perfection, alternant grands élans métaphysiques et humour collégial. Des qualités souvent oubliées lorsque l'on évoque L'Ultime Frontière tant celles-ci sont dissimulées derrière une mise en scène usée, des idées tristement ringardes (Uhura toute ridées qui fait un strip-tease à la lumière de la Lune), des effets spéciaux parfaitement foireux... Il faut dire que le bonhomme à joué de malchance. ILM n'étant pas disponible, la Paramount a dû changer d'équipe technique, les nouveaux-venus devant composer avec une certaine inexpérience et des coupes budgétaires drastiques. Le plus gros gâchis étant clairement un final qui se voulait dantesque, inspiré par les visions infernales de la Bible, et se résume pour le coup à deux pauvres gogos en costumes de latex. Triste.



