Restaurés avec un soin maniaque, proposés sous la forme d'un joli coffret trilogie Bluray limité, les trois premiers Vice Academy (et oui, il y en a eu trois autres) ne sont pourtant que d'authentiques nanars fauchés produits pour une diffusion tardive sur une network américaine à l'attention des ados lubriques. Ah oui mais y a Linnea Quigley et Ginger Lynn dedans...
Quelques cinéphiles avides d'expériences douteuses se souviennent peut-être encore avec émotions, et un soupçon de honte, de leur découverte moite du premier Vice Academy lors de sa diffusion sur la bonne vielle La Cinq de Berlusconi. Vu les goûts du monsieur ça devait être une suggestion toute personnelle. Une drôle de production, rip-off poussif de la déjà peu distinguée série des Police Academy, qui va être en France un énorme carton, multi rediffusé, et dont la suite, en direct-to-vidéo pour le cas, ne démentira pas l'attrait des amateurs. Un écho direct aux retentissements que connurent ces mêmes films lors de leurs premières diffusions sur USA Network à l'occasion de grilles tardives comme Up All Night, venant illuminer les tristes nuits de spectateurs dépressifs.
Il faut reconnaître que le premier Vice Academy ne manque pas de certains charmes à commencer par ses deux « stars » : Linnea Quigley et Ginger Lynn. La première est l'une des scream-queen les plus attachantes des années 80, traînant sa bouille de girl next-door espiègle et peu pudique dans des dizaine de films d'horreur bis (Graduation Day, Douce nuit, sanglante nuit) jusqu'à sa scène absolument culte de strip-tease dans Le Retour des morts-vivants. La seconde est une icone du porno américain qui entame ici sa reconversion vers un cinéma certes moins hardcore mais toujours aussi déluré et raz des paquerettes. Deux actrices qui s'éclatent à chaque séquence, prennent des poses, surjouent avec jubilation et n'hésitent jamais à s'exposer dans des sous-vêtements affriolants ou à laisser échapper négligemment leurs poitrines. Un érotisme soft au service d'une comédie foutraque, cafouilleuse, bancale et d'une bêtise parfaitement assumée.
Le cadre du pitch ne fait d'ailleurs jamais de mystère sur ses basses ambitions : une école de police entièrement dédiées aux affaires de mœurs où les élèves sont presque exclusivement féminins et passent leur temps à se crêper le chignon où à se retrouver dans les situations les plus embarrassantes (Linnea en est quitte pour participer à un porno à l'insu de son plein gré) afin d'obtenir un diplôme tant espéré. Ne se prenant jamais au sérieux (comment le pourrait-il ?), le métrage mélange blagues potaches, farce de fesses et une naïveté confondante qui fini par attirer une certaine sympathique. Mis en scène avec autant de sobriété et de sens artistique qu'un épisode de Sauvé par le gong (ou Shake It Up pour le plus jeune) Vice Academy est effectivement un client idéal pour les soirées bières, pizzas autres drogues modernes.
On sera sans doute moins convaincu par les deux suites, toujours emballées par le débrouillard mais peu doué Rick Sloane (responsable aussi du rip-off de Gremlins, Hobgoblins et ses suites) qui recycle sa formule gagnante à l'envie, mais perdant peu à peu de sa fraîcheur initiale. Même si quelques scènes de Vice Academy II tirent aisément quelques sourires (la lamentable BimboCop, un string vert un peu trop chaud...) on y sent déjà poindre une pochade plus virile et un aspect comicbook pas franchement maîtrisé qui n'ose finalement pas aller au bout de sa logique. Le troisième titre, perd encore du galon en échangeant l'irrésistible Linnea Quigley pour une Elizabeth Kaitan (Vendredi 13 VII) championne du monde des cagoles, qui ne reproduit clairement pas la même alchimie avec Ginger Lynn dont c'est aussi la dernière participation à cette licence. Un passage de relais ni plus ni moins, pour la série va se poursuivre fièrement jusqu'à un Vice Academy VI en 1996 dont on n'ose même pas imaginer le résultat.
Les voies du succès sont impénétrables, du statut culte tout autant, et cette trilogie Vice Academy qui repose essentiellement sur les mamelles de l'humour décérébré et des donzelles peu vertueuses, provoque à notre corps défendant une certaine fascination par sa médiocrité plus ou moins assumée, mais toujours repoussée dans ses derniers retranchements. Con-cul-culte.





