En parallèle de la sortie évènement, et Bluray, d'Hercule contre les vampires de Maria Bava, Artus étoffe encore sa collection péplum avec deux aventures tout en muscles huilés et en toges repassées avec Le Gladiateur Magnifique et Hercule contre Rome. Deux films de série bien sympathiques que Mark Forest et Alan Steel portent à bout de biceps.
Preuve d'une légère baisse de standing : il n'est jamais vraiment question du véritable Hercule dans ces deux métrages. L'un est un fils de roi d'une province romaine (il sera renommé Atlas aux USA), l'autre un soit disant descendant d'une bergère qui se serait faite trousser par le véritable demi-dieu (il sera renommé Samson en France et chez nos amis belges), leur nom Hercule servant surtout à attirer le chaland et faire rêver les enfants s'imaginant de nouvelles épopées fantastiques et des affrontements homériques. Là encore, il faut revoir les ambitions à la baisse et nos héros aussi bodybuildés et huilés, aussi dynamiques et musclés soient-ils,, restent des héros tout ce qu'il y a de plus classiques embringués pour l'occasion dans des circonvolutions politiques tout ce qu'il a de plus bassement humaines. Les deux films s'inscrivent ainsi, avec de grosses libertés cela va de soit, dans une période houleuse de l'empire romain où la garde prétorienne faisait et défaisait les Empereurs à loisir tandis que les barbares se massaient aux frontières. Un cadre idéal pour composer de petits scénarios faits de terribles complots avec un Empereur sur la sellette, sa fille pauvre enjeux de drame romantique et de mariage forcé et un fier héros qui débarque pour stabiliser tout cela. Amusant comme à quelques variations de notes, Le Gladiateur Magnifique et Hercule contre Rome jouent des petites musiques voisines soulignant sans le vouloir que cette belle année 1964 est certainement la dernière grande cuvée du genre en Italie, le western venant frapper à la porte de l'industrie locale.
Un genre sur le déclin qui s'aperçoit aussi par des budgets plus réduits. Une réalité que semble combattre le film du vétéran Piero Pierotti (Marco Polo, Cléopâtre une reine pour César, Goliath et le cavalier masqué) qui essaye de donner encore des grands airs à sa production, composant ses tableaux avec les manières des mosaïques antiques, multipliant les drapés et les décors faussement luxueux, et surtout travaillant sa gigantesque bataille finale à grand coups de stock-shot bien visibles et ses bagarres en accéléré. Plus modeste dans son approche, embrassant plus frontalement sa nature de petit film d'exploitation, Le Gladiateur magnifique se révèle une série B beaucoup plus énergique et resserrée. L'artisan nouvellement arrivée à la mise en scène Alfonso Brescia (Furie au Missouri, Goldocrack à la conquête de l'Atlantide) met très efficacement en pratique les petites astuces pour emballer son feuilleton outré. Si l'on se serait bien passé du sidekick crétin et de ses chèvres, le métrage fonctionne assez bien grâce à un casting étonnement convaincu avec en premier ligne le méchant Paolo Gozlino (formidable "Iznogoud"), la très jolie Marilù Tolo et surtout l'américain Mark Forest, culturiste certes mais aux airs latins, qui s'apprêtait à sortir définitivement de l'arène. Sans se la jouer « actor studio » ce dernier montrait que les musculeux hommes en pagne pouvaient habiter l'écran... Ce qui n'est pas vraiment le cas du pauvre Alan Steel (alias Sergio Ciani) au brushing impeccable, à la barbe blonde taillée au sabot et au regard d'épagneul. Etrangement lui va poursuivre sa petite bonhomme de carrière avec en ligne de mire un certain Robin, flèche et karaté avec Victoria Abril qui résonne comme un doux rêve lointain.


