Tourné en plein milieu de sa fructueuse période européenne, Cold Sweat, alias De la part des copains, était en 1970 une énième machine entièrement échafaudée sur les solides épaules de Charles Branson. Un héros viril, froid et sec, à qui on ne la fait pas. Même sur la côte niçoise.
Le sourire aux lèvres (si, si), le t-shirt noir moulant, les muscles bronzés saillants et les pieds lovés dans une paire de chaussures bateau, Charles Bronson est « l'américain » du port de Nice, ancien truand qui va être rattrapée par son passé sous la forme d'un gang de truands disparates et pas franchement à la hauteur. Défendre son nouveau mode de vie apaisée, son bateau et dans une moindre mesure sa femme et sa fille, Bronson est en terrain connu même s'il faut reconnaitre que son personnage est moins taciturne que d'habitude et sans doute un poil plus ambigu. Tourné dans la foulée des succès d'Il était une fois dans l'Ouest, Adieux l'ami, Les Passagers de la pluie ou La Cité de la violence, Cold Sweat est une coproduction européenne certes très classique à la fois dans ses emprunts vagues au film noir et dans son action purement B movie (d'où cette sensation constante de visionner un Jason Statham avant l'heure), mais reste tout de même un peu bizarroïde.
Déjà par son casting, hétéroclite et improbable ou à côté des gueules Jean Topart et Luigi Pistilli, on croise tout de même l'excellent Michel Constantin qui s'essaye à la bagarre avec la tête d'affiche, un James Mason en leader fatigué et même la grande Liv Ullman de Ingmar Bergman. Comme un instantané du cinéma du vieux continent, dirigé par l'artisan Terence Young, célèbre pour avoir mis en boite trois classiques de James Bonds (James Bond contre Dr No, Bons Baisers de Russie et Opération Tonnerre), un peu moins pour ses autres essais où bien souvent sa mise en scène trop pépère ne faisait pas de miracle. C'est malheureusement un peu le cas ici, son rythme à Papa peinant clairement à dynamiser un scénario rarement crédible malgré un roman source signé par l'illustre Richard Matheson (Je suis une légende) et quelques dialogues bien troussés où l'on reconnait la patte d'Albert Sominin (auteur des romans Les Tontons flingueurs et Le Cave se rebiffe). Entre l'efficacité américaine d'un Bronson, 50 ans toutes ses dents et son mordant, qui tord des cous et savate sèchement dans les ascenseurs, et un contexte généreusement franchouillards (paysages, humour et dialogues), la curiosité est souvent titillée jusqu'à être récompensée par un vrai morceau de bravoure prenant la forme d'une intense poursuite en voiture dans les rues de Nice, puis les landes avoisinantes. Une longue prouesse, excessive et totalement gratuite (il faut l'avouer) et donc indispensable dont l'intensité est entièrement au crédit du maitre du genre, Rémi Julienne.
Aussi crédible que l'apparition d'une Jill Ireland en hippie hystérique, De la part des copains avec ses petits airs de nanar sauvé des eaux, n'a pas changé la face du cinéma ni fait dévier la carrière bien lancée de Mister Bronson, mais reste avec la distance un petit actionner des familles, tranquille et viril qui marquait la première collaboration de l'acteur avec Terence Young. Suivra directement le beaucoup plus spectaculaire Soleil Rouge, western pop où il partage l'affiche avec le copain Alain Delon, Toshiro Mifune et Ursula Andress.



