Alors même que le péplum à l'italienne s'essouffle, en passe d'être remplacé par le fameux western spaghetti, le fils de Zeus revient pour une nouvelle, nouvelle aventure. Et comme en plus on nous dit qu'il est invincible, on n'a pas de soucis à se faire ! Non ?
Si déjà le genre même du péplum fantastique made in Italie a tendance à jouer sur la fibre enfantine et naïve de ses spectateurs, une production comme Hercule l'invincible a ce petit coté résistant qui augmente d'emblé ses charmes. Alors que le reste de l'industrie s'engouffre dans un gros bordel entre auto parodie poussive et séries Z aussi improbables que mollassonnes (voir Hercule contre les fils du soleil sorti la même année et édité en parallèle par Artus), Hercule l'invincible préfère lui célébrer le grand spectacle à l'ancienne dans lesquels ce héros au torse hypertrophié part de nouveau sauver un peuple entier (en fait la princesse surtout) des terribles griffes des démios, civilisation guerrière vivant dans les galeries qui entourent un volcan menaçant. Des gentils très gentils contre des méchants très méchants (rêvant de conquérir le monde, c'est dire), et ce sympathique feuilleton s'embarque pour une succession de péripéties généreuses entre jolie vierge (on aperçoit même un sein !) arrachée des griffes d'un terrible lion, combat en équilibre sur un rondin avec un ours un peu pataud, héros écartelé par des éléphants, soldats assommés par dizaines et mise à mort d'un dragon géant. Une scène qui ouvre presque le film, assumant ainsi ses ambitions, tout en soulignant ses implacables limites : si le dragon mécanique de belle taille fait forte impression, l'intégralité de la séquence a entièrement été piquée à un précédent Les Travaux d'Hercule de Pietro Francisci (ce qui explique la présence de la Toison d'or dans le décor).
Un emprunt visible tout comme l'insert montrant les pauvres esclaves travaillants dans des mines délabrées ou un arbre arraché à main nu du sol chopé dans une autre fière production des années antérieures. Un peu chiche donc Hercule l'invincible peine bien souvent à dissimuler ses moyens limités, alors que son utilisation de peintures sur verre ou ses superbes maquettes envahies de laves se révèlent bien plus convaincantes. Un grand final qui, avec l'utilisation fréquentes de filtres rouges et verts dans les entrailles de la terre, ont fait naitre la rumeur qu'un certains Mario Bava auraient œuvré dans l'ombre. Invérifiable mais crédible vu le résultat. Ce qui est certain par contre, c'est que Alvaro Mancori (sous le pseudo Al World) signe ici sont unique réalisation. Un artisan des plus discrets ayant longtemps signé la photographie de quelques productions modestes, devenu par la suite producteur (sur l'excellent Saludos Hombre de Sergio Sollima par exemple) puis directeur de studio de tournage, et qui ne fait pas toujours ici preuve d'un talent mémorable. Montage assez aléatoire, cadrages austères, erreurs de collages en tout genre, sa mise en scène peine à accompagner les prouesses pourtant athlétiques du sympathique Don Davis (qui deviendra par la suite un second rôle récurent des films de Clint Eastwood), préférant trop largement suivre avec indulgence les pitreries du sideckick comique répondant au nom de... Babar ! De la grosse farce pour faire marrer les bambins (de l'époque) au milieu d'une production déjà assez fragile, voilà qui en entame sérieusement l'efficacité. Hercule, l'invincible aux pieds d'argile.


