Après avoir fait le tour des différents festivals de films d'horreurs en Amérique du nord et en Europe, Thanatomorphose arrive en DVD. L'occasion de répondre à de nombreuses questions que l'on pouvait se poser lorsque l'on suit la carrière de certains techniciens français. Premier long métrage du réalisateur canadien Eric Falardeau, si il y a bien une chose que l'on peut attribuer avec certitude à Thanatomorphose c'est que le film a tout pour être déconcertant.
Obsédé par le sexe et la mort (il suffit de lire les résumés de ses courts-métrages sur sa page IMDB), Falardeau n'opère aucune sortie de route par rapport à son sujet. Laura, jeune artiste en pleine crise de « je sais pas quoi faire de ma vie » va sombrer après de violents ébats sexuels dans une décrépitude l'amenant (ainsi que son conjoint) jusqu'en enfer. Falardeau ne va s'intéresser qu'à sa déchéance programmée et les rares scènes faisant allusion à autre chose (une rencontre avec des amis) n'ont que très peu d'intérêt. Une volonté du réalisateur ? On ne saurait trop dire, mais il est claire que le résultat attendu est la : nous inclure dans l'ennuie que vit Laura. Parce que si Thanatomorphose est généreux en effets gores réussis, il faut tout de même avouer que dans ses deux 1ers tiers il reste un film sacrément ennuyeux.
Et ce n'est pas la technique qui va rattraper le tir. Certes, la vie de Laura (et la succession de scènes qui va avec) est rébarbative et le spectateur comprend assez vite ou veut aller Falardeau, mais les faiblesses techniques sont effarantes et auront vite fait de dérouter les moins patients d'entre nous. Cadrage et éclairage approximatifs, prises de sons très désagréables (en vue du peu de lignes de dialogues), il n'en faut pas plus pour faire monter l'impatience jusqu'à ce les litres de faux sang arrivent. Impossible dès lors de s'enlever l'impression que ces premières scènes à rallonge n'avaient pour but que de faire de Thanatomorphose un long métrage de ce qui n'aurait pu être qu'un court généreux en ce concentrant sur son dernier acte. Et la, impossible de ne pas admirer le travail de David Scherer, spécialiste des effets spéciaux, et les idées d'Eric Falardeau ! Gore, crade et dérangeant à souhait, le film va laisser des traces bien épaisses sur votre rétine ! On en oublie l'ennuie et la pauvreté du début pour laisser place à un malaise certain. Dommage cependant qu'il faille attendre plus d'une heure pour cela ! Thanatomorphose reste donc un film raté dans son ensemble, mais qui laisse de bons présages quant à l'avenir d'Eric Falardeau. Nul doute qu'avec un véritable budget (ne pas oublier que celui-ci n'aurait couté que 40 000 dollars), sa réalisation devrait passer au niveau supérieur. Maladroit certes, mais prometteur !

