Grand Dieu ! Rien n'aurait laissé présager telle réussite. Ultime torpille interstellaire lancée par les puissants studios Marvel, Les Gardiens de la Galaxie écrase tout sur son passage. Bénéficiant d'un budget plus que confortable, ce blockbuster imprévisible se déguste comme un rafraichissant cocktail de culture pop. Drolatique, explosif, irrévérencieux et suprêmement addictif, le film revêt les traits d'une série B d'antan et diffuse un mauvais esprit salutaire dans le petit monde ultra-balisé des sorties estivales.
Première interrogation : Où les pontes de chez Marvel ont-ils donc dégoté ce script ? Dans leurs archives, bien évidemment. Mixture anachronique entre une première série de bande-dessinée née en 1969 et une seconde série datant de 2008, cette nouvelle franchise s'éloigne quelque peu de la ligne directrice Marvel façon super-héros de légende pour se focaliser sur un postulat bien plus confidentiel, voire carrément alternatif. Voyez vous-même : un jeune garçon est kidnappé sur Terre par des extraterrestres, quelques minutes à peine après la mort de sa mère. Vingt ans plus tard, le gaillard est fiché par l'Interpol intergalactique. Voleur, gouailleur et arnaqueur de haut vol, Peter, qui désormais s'auto-baptise Star-Lord, voyage en solitaire et n'en fait qu'à sa tête. Mais son train de vie « free-lance » va soudainement changer de cap au contact d'une étrange bande de hors-la-loi : un raton-laveur fort en gueule passé maître dans le maniement des armes, un humanoïde végétal au phrasé monosyllabique, une amazone sexy à l'épiderme hulkien et un taulard au physique de catcheur qui ne conçoit la vie qu'au premier degré. Pour le meilleur et pour le pire, la fine équipe arpente le cosmos, de tripots en trous noirs, de prisons en pluies d'astéroïdes, afin de préserver un mystérieux globe métallique renfermant une puissance de feu digne de celle du Big-Bang. A leurs trousses ? Des chasseurs de prime sans foi ni loi, un antiquaire peu scrupuleux et un seigneur du mal patibulaire mais presque. Mission impossible ? Que nenni.
Sur le papier, l'intrigue sans queue-ni-tête pouvait faire craindre le pire. A l'écran, c'est tout le contraire. Dans son genre, Les Gardiens de la Galaxie s'impose dès la scène d'ouverture comme une œuvre majeure ; de celles qui marqueront au fer blanc l'année ciné en cours. Echappé de l'écurie Troma, le nouveau venu James Gunn (scénariste de L'Armée des Morts, des deux Scooby-Doo et réalisateur de Horribilis et Super) orchestre ce grand « portnawak » avec une maestria inouïe. L'ampleur du spectacle est véritablement bluffante et le spectateur se retrouve transbahuté aux quatre coins de l'espace, à bord de modules, de fusées et de navettes en tous genres. Pas une seconde de répit, le scénar file à la vitesse lumière et les territoires arpentés sont scénographiés avec un professionnalisme et une opulence qui forcent le respect. Cela faisait belle lurette que l'on n'avait pas pris autant de plaisir coupable. Les Gardiens de la Galaxie diffuse un vent de nouveauté permanent et célèbre à sa façon le sens de l'amitié et le goût de l'aventure. C'est frais, régressif, dépaysant, ultra-divertissant et référencé (les clins d'œil à Star Wars, Star Trek ou Blade Runner abondent). Mais le véritable atout charme reste le second degré, cet esprit d'effronterie et de nonchalance comique. Le film est vraiment marrant, rempli à ras bord de « punchlines » et de situations propices à la déconne. La seule règle en vigueur au sein de la galaxie semble celle de la chambrette et la mécanique sarcastique fonctionne à plein régime. La distribution est également au poil : Bradley Cooper et Vin Diesel prêtent respectivement leur voix à Rocket le raton-laveur et Groot l'homme-liane. Zoé Saldana incarne une Gamora sexy et létale tandis que l'ex-lutteur Dave Bautista compose un Drax à la fois touchant et très soupe-au-lait. De leur côté, les vétérans Glenn Close, Benicio Del Toro et John C.Reilly ont droit à leurs petits moments de gloire. Quant au héros, l'inénarrable Peter, il est campé avec aplomb par le « rookie » Chris Pratt (aperçu récemment dans Zero Dark Thirty, Her et bientôt à l'affiche de Jurassic World). Fusion hybride entre un ado attardé, Snake Plissken et Cobra le pirate de l'espace, son personnage de baroudeur je-m'en-foutiste est irrésistible. Téméraire, farouchement indépendant et capable de citer dans une même tirade Jackson Pollock ou le film culte Footloose, Pete n'a jamais renié l'enfant qui sommeille en lui. Et il ne chérie rien de plus au monde que son baladeur vintage à écouteurs en mousse, desquels s'échappent des tubes 70's et 80's de premier choix. Bref, une vraie gueule de cinéma, leader décontract' d'un long-métrage généreux qui ravira petits et grands. La suite est annoncée. En ce qui nous concerne, c'est fait. On a déjà réservé nos billets en « first class ». Ouais, ouais.







