Evènement oblige, Paramount ressort une partie de son catalogue Star Trek au lendemain de la sortie du film de J.J. Abrams. En l'occurrence, ce sont La Colère de Khan, A la Recherche de Spock et Retour sur Terre (respectivement les II, III et IV) qui selon les propos de la jaquette seraient « à l'origine du (dernier ?) film ».
Il faut bien y regarder de près pour comprendre ce qui a pu inciter (en dehors de la facilité publicitaire bien sûr) Paramount à regrouper dans un même coffret ces trois épisodes particuliers de la saga cinématographique de Star Trek. Une référence à une épreuve de pilotage jugée infaisable que seul Kirk à réussi, un entraînement mental de Spock, les parents de ce dernier... Techniquement les connexions sont bien minces. Là où l'éditeur ne se trompe pas en revanche, c'est dans l'identité de « Trilogie ». Après un magistral premier long-métrage signé Robert Wise, mais conçu comme un récit à part flirtant avec le fleuron de la science-fiction, les producteurs ont choisi trois ans plus tard (et au grand dam de Mr Roddenberry) de revenir à la fois vers une certaine idée de la chronologie Star Trek tout en amenant la licence vers un aspect plus « musclé », plus « space-opera ». Si officiellement cela n'a jamais été le cas, il paraît aussi évident que l'idée d'une suite filaire de long-métrage était déjà en amorce dès le lancement de La Colère de Khan. En ramenant de l'oubli l'un des adversaires les plus charismatiques de la première saison de la série, Nicholas Meyer renoue donc clairement avec l'esprit sérial des origines et n'hésite pas à s'achever sur un bon cliffhanger des familles avec la mort inattendue (à l'époque) de Spock et l'espoir de son futur retour. Les personnages sont bel et bien là, l'univers et le ton initial aussi, mais la modernisation des costumes n'est pas la seule avancée qu'apporte le réalisateur de C'était demain. En utilisant les vaisseaux spatiaux comme de vrais navires de guerre, ce féru de littérature classique oppose Kirk et Khan comme corsaires et pirates en pleine mer espagnole, autant sur leur vision du commandement et de l'honneur que sur leur capacité à accepter leur vieillissement et la fin de leur âge d'or.
Difficile de trouver le même niveau d'ambition dans sa suite directe, A La Recherche de Spock, sorte de flottement de deux heures où, entre drames familiaux et réutilisation abusive de figures et d'images du précédent (dont le fameux « effet genesis » premières images de synthèse de l'histoire du cinéma), le réalisateur débutant Leonard Nimoy tente vainement de passionner le spectateur avec une résurrection improbable, voire carrément marketing. Même l'arrivée d'un superbe oiseau de proie dirigé par Christopher Lloyd grimé en klingon ne sauve pas l'affaire : ce film multi-rediffusé à la télévision n'est pas vraiment à la hauteur de sa légende. Un épisode de remplissage en somme, dont le seul but (quasiment avoué dans les bonus de la présente édition) est de créer un lien avec le troisième opus de cette trilogie narrative : Retour sur Terre. Nimoy, bien plus à l'aise, est toujours aux commandes, mais Meyer revient au scénario et semble jubiler à l'idée de recréer avec décontraction la trinité Kirk/Spock/McCoy. A l'image des Star Wars, cette conclusion (temporaire) s'écarte donc des considérations lourdes et des drames personnels de ses prédécesseurs, au profit d'une comédie enjouée qui plonge toute la bande dans l'Amérique des années 80 en usant d'un voyage temporel rocambolesque. A l'image de certains épisodes mythiques de la série (dont celui avec les fameuses petites peluches rondes), l'heure est à l'auto-parodie où les héros engoncés dans de curieux costumes peinent de façon navrante à se mêler à la foule. Spock déguisé en vieux soixante-huitard incapable de comprendre les expressions imagées du langage ricain est tout simplement imparable. Beaucoup de fantaisie et de distance, dans un divertissement qui s'efforce au passage de sensibiliser l'audience à la préservation des espèces menacées. Des valeurs écologiques parfaitement adéquates dans l'identité Star Trek et qui permettent à cette trilogie dans la saga de s'achever sur une note positive et un vrai happy end.