Spaceballs résonne comme un titre légendaire à l'oreille de tous les trentenaires vieillissants. Mel Brooks, son géniteur qui n'en est déjà plus à son premier méfait, crie son amour du cinéma de science fiction en revisitant les standards du genre sous fond de personnages loufoques et de gags lourdingues. Ce long métrage reste une pierre angulaire du cinéma parodique des 80's au même titre que la saga des Y a-t-il ... ? (Airplane !, The Naked Gun) de Zucker, Abrahams & Zucker (ZAZ). Un véritable régal d'absurdité intersidérale. Démonstration...
Bien qu'il se fasse plutôt discret depuis bientôt 20 ans, Mel Brooks a su asseoir sa notoriété à Hollywood dans un genre qui lui doit quelques-unes de ses lettres de noblesse, la parodie. Tantôt réalisateur, acteur, scénariste ou producteur - notamment pour La Mouche de David Cronenberg ou Elephant Man de David Lynch -, le cinéaste se présente comme un personnage fascinant. Un Buster Keaton qui rencontrerait les Monty Python. Un petit espiègle qui s'amuse à détourner gentiment les classiques hollywoodiens toutes périodes confondues comme un gamin collerait un chewing-gum sur la chaise de sa prof d'anglais.
Ne vous y trompez pas car, sous ses airs insolents, Mel Brooks est un fin connaisseur du cinéma, un amoureux de films de genre. Ses citations font autant référence au cinéma contemporain qu'au cinéma d'auteur. C'est grâce à cet improbable compromis entre comédie familiale et cinéma de genre que le fanfaron mérite sa place au Panthéon des grands maîtres de la comédie, au même titre qu'Ernst Lubitsch dont il tourne un remake du splendide To Be or Not to Be de 1942. Mel Brooks, c'est un style, une pâte singulière et Spaceballs est un exemple de réussite à côté de l'indétrônable Frankenstein Junior.
Ainsi, La Folle Histoire de l'Espace s'attaque aux poids lourds de la science fiction moderne à coups de pots de confiture à la framboise dans le radar. Star Wars et Star Trek se trouvent naturellement dans la ligne de mire. Cependant, le film regorge de scènes cultes empruntées à La Planète des Singes (Franklin J. Schaffner), Le Magicien d'Oz (Victor Fleming) ou encore Alien de Ridley Scott et l'anthologique détournement de la séquence où le xénomorphe jaillit du ventre explosé de John Hurt qui se parodie lui-même pour l'occasion. Le cinéaste reprend littéralement au plan par plan chacune des séquences précitées pour les arranger à sa manière, entre hommage et prétexte au gag en leur offrant une nouvelle lecture.
Mel Brooks s'entoure d'une brochette d'acteurs taillée sur mesure. Bill Pullman (Lost Highway, Independance Day), John Candy (The Blues Brothers), Rachel Zuniga (La Mouche II et... Melrose Place) ou encore Rick Moranis (Ghostbusters, Chérie, j'ai rétréci les gosses) en inénarrable Lord Casque Noir, l'« evil twin » nain de Darth Vader, coiffé d'un casque surdimensionné et dont chaque apparition devient l'excuse privilégiée d'une blague ou d'un jeu de mot absurde.
Spaceballs s'amuse également à revisiter la culture populaire occidentale des 80's - voir le patronyme des personnages en VO comme en VF - et les « grandes » thématiques sociologiques de l'époque. Le film s'octroie un petit clin d'œil écolo avec son vaisseau spatial qui se transforme en ménagère à l'image de la Statue de la Liberté munie d'un aspirateur afin de piller l'air de la planète Druidia. Le film caricature également le marketing grandissant autour des sorties de films. Le grand sage Yaourt ne s'y est d'ailleurs pas trompé, les produits dérivés sont l'avenir d'Hollywood jusque dans le papier toilette...
Alors, certes, Spaceballs peut être désemparant à la première vision par la lourdeur et l'enchainement de ses gags mais son statut s'impose bel et bien culte. Il s'est même développé, au travers des décennies, certains tics persistants et incurables chez de nombreux geeks.
Un dernier conseil avant de monter à bord, privilégiez la version française ! Je sais, c'est sacrilège mais celle-ci participe sans aucun doute à la notoriété du film dans la francophonie. Ensuite, vous viendrez comparer si votre « achtuce » est aussi longue que la mienne...




