Tétralogie commercialement abusive, friandise boursoufflée et devenue écœurante à cause de couches trop épaisses de crème chantilly recomposées, Shrek ne garde plus grand chose de son premier essai prometteur et un poil irrévérencieux. D'ailleurs les trois suites n'auront accouché que d'une seule et unique bonne idée : le Chat Potté.
Un détournement latino du Chat Botté (devenu Potté à cause du Puss in Boots anglais et de sa tendance à signer d'un P presque comme Zorro), dont la démarche chaloupée, le regard séducteur et les habiletés d'escrimeur sont d'une certaine façon un hommage plaisant à Antonio Banderas (doubleur en titre), sous le masque du sauveur mexicain. Enfin débarrassé de l'encombrant géant vert, sans doute intoxiqué par le maïs transgénique, le félin peut enfin profiter de son statut de mini-star et obtenir son propre film. Coup de bol, pas question ici de perpétuer le même divertissement reposant sur un mélange sirupeux entre le détournement scato des contes d'antan et la bonne vieille morale. Le Chat Potté est donc un film d'aventure familial, qui va s'efforcer 90 minutes durant de révéler les origines du chaton : son enfance d'orphelin, ses premiers larcins, son hésitation constante entre le bien et le mal.... Du grand classique donc, conçu pour agripper immédiatement les bambins, dosé en équilibre constant avec quelques séquences de poursuite techniquement irréprochables (mais mises en scène de façon stérile) et dialogues / gags plus ou moins pertinents.
Déjà réalisateur d'un Shrek 3 pas franchement miraculeux, Chris Miller sert les plats avec plus ou moins d'insistance, plaçant Banderas et la culture mexicaine sur un piédestal (multiples références à Zorro mais aussi à la trilogie du Mariachi), se lançant même dans une séquence de Flamenco temporisée par du Lady Gaga, et insistant avec ferveur sur les accents de la junte bronzée. Un cocktail caricatural, souriant, mais jamais vraiment emballant, qui se montre tout aussi pataud lorsqu'il s'agit d'intégrer dans ces aventures très « capes et épées » les références pachydermiques à d'autres contes que celui de Charles Perrault (qui doit se retourner dans sa tombe depuis longtemps) : une course-poursuite autour des haricots magiques et la découverte du château dans les nuages, la présence d'Humpty Dumpty échappé des aventures d'Alice par Lewis Caroll... Un mélange des univers totalement baroque, contrasté en tout cas, mais qui opère rarement un mariage réussi, car trop forcé... en particulier du côté de l'œuf parlant (trop). Doublé par Zach Galifianakis (Very Bad Trip), ce dernier retrouve les tares des Shrek avec ses vannes en dessous de la ceinture et ses tirades interminables. Restent dans l'ensemble quelques jolies idées comme l'incarnation de la poule aux œufs d'or (adorable), la rencontre romantique avec Kitty Pattes-de-velours (aah, Salma Hayek) et la production value qui apporte une animation, des modélisations et une photographie parfaitement chiadées... mais toujours avec la même touche graphique totalement impersonnelle qui manque d'âme et de caractère.






