Gigantesque succès en Chine, le blockbuster martial La Brigade des 800 a engrangé près de 425 millions de dollars au box office local pour un budget déjà imposant de 80 millions. Un phénomène spectaculaire qui n'aura cependant pas les honneurs du grand écran en France, passant directement par la case VOD ou Home Cinéma.
Le film retrace la période finale de la bataille de Shanghai qui dure depuis déjà trois mois, au début du second conflit sino-japonais. Les défenseurs de l'entrepôt résistent aux nombreuses vagues de soldats japonais et couvrent une partie de la retraite chinoise à l'ouest. L'emplacement de l'entrepôt, juste en face des concessions étrangères de la ville, rend les puissances occidentales spectatrices du conflit. En Chine, les 423 défenseurs de l'entrepôt sont connus comme les « Huit cents héros », le nombre exact ayant été volontairement caché, comme stratagème pour ne pas révéler aux Japonais les réelles forces en présence de l'Armée nationale révolutionnaire dans la ville.
Les choix narratifs du film, sont assez intéressants pour un blockbuster. En effet, c'est une caméra quasiment au ras du sol en légère contre plongée qui film l'intérieur de l'entrepôt, symbolisant l'écrasante menace extérieure. Pris au piège, les échauffourées éclatent dans la plus grande stupeur, une porte se claque, et seul les sons des tirs de mitrailleuses fusent. Cette mise en scène de l'invisible transpire du caractère inéluctable et délétère de la violence qui règne. L'image est régulièrement saturée de particules de poussières, portées au grès du souffle des explosions. Elles soulignent cette saleté qu'est la guerre, qui broie les os des hommes, où tout se joue au prix du sang.
Néanmoins, le métrage offre quelques moments élégiaques, où la rage s'éteint au profit d'une image dénuée de haine. La figure hippique étant un motif important, comme un symbole de la liberté et de robustesse au prix des corps décharnés jonchant le sol crasseux. De même, le réalisateur abuse de l'allégorie du chevalier solitaire face à une armée mongol au cœur des steppes, pour symboliser que les évènements qui se jouent sous nos yeux sont la résistance d'un peuple uni et soudé, l'armée d'un seul homme face à l'absurde démesure de la destruction.
Mais ce sont ses accents intimistes qui finalement surprennent le plus. La trame use et abuse des morceaux de bravoure pour insuffler le patriotisme du spectateur, ce qui pourrait finit par paraître comme de la surenchère. Tout comme la débauche d'effets spéciaux, qui même s'ils sont mieux intégrés que la plupart des derniers films du genre, nous rappelle que Pékin commence à faire la nique commerciale à Hollywood. Mais ce n'est pas vraiment le cas, car il met en lumière des généraux faillibles, et des héros dont l'humilité est dépeinte de la manière la plus crue. Ce visage d'une Chine sans arrogance, mais résolue à prendre sa place dans le Monde avec humilité transperce cette fresque guerrière notable.
Par son approche à la fois spectaculaire et humaine, ce film est une bonne alternative pour les amateurs du genre. Il est dommage de n'avoir pu s'en rendre compte dans le format IMAX avec lequel il fut tourné.



