Déjà réalisé par Shawn Levy, nouvel artisan interchangeable de la comédie labellisée Saturday Night Live (Blake Edwards doit se retourner dans sa tombe à la vue de son remake de La Panthère Rose), le premier La Nuit au musée aspirait surtout à séduire un public jeune, voire bambin, à grands renforts de gags peau de banane et de blagues de cour de récrée. Si la séquelle, libéré de ses nécessités d'exposition, gagne en rythme et en spectacle, le niveau ne va pas chercher beaucoup plus haut...
L'ouverture de La Nuit au musée 2 (Battle of the Smithsonian en VO, excusez du peu !) sonne comme un aveu conceptuel : accompagné sur scène d'un guest totalement hors sujet, Ben Stiller y mène un show télévisé à l'américaine devant un public payé pour être conquis. En ouvrant son film sur des mécaniques propres à la petite lucarne, Shawn Levy avait toute latitude pour se prêter à un exercice visuel et narratif ouvertement cinématographique une fois son intrigue lancée. C'était oublier la paresse du bonhomme, lequel s'enlise dès son premier quart d'heure dans une logique d'entertainment broadcasté, avec ce qu'il faut d'improvisations (tous les dialogues ?!), de clins d'oeil complices et d'enjeux mollement rappelé tous les quarts d'heure pour convaincre les téléspectateurs de ne pas zapper durant les pauses publicitaires.
Il s'en passe pourtant des vertes et des pas mûres, dans La Nuit au musée 2. A vrai dire, les idées fusent avec une belle générosité, et certaines séquences parviennent à titiller les zygomatiques, d'une parodie inattendue du plan-séquence de 300 (enfin, de Old Boy...) à une virée mouvementée en pleine histoire de l'aviation, en passant par une course-poursuite dans une photo célèbre en noir et blanc sur la victoire de 1945. Les apparitions d'Alain Chabat en Napoléon, et ce n'est pas du chauvinisme, valent elles aussi leur pesant d'or. Dommage, mille fois dommage dès lors, que le rouleau compresseur humoristique de Levy et Stiller, à des années-lumière des formidables Zoolander et Tonnerre sous les Tropiques, s'évertue à transformer les références les plus nobles en sommets de beauferie. Les détournements restent ici constamment au stade de l'intention, comme en témoignent les apparitions décevantes de Dark Vador, de Elmo ou encore du Penseur de Rodin. Incapable de faire le tri dans son capharnaüm, de développer ne serait-ce qu'une idée correctement ou, pire, d'insuffler un peu de vie à son aventure (même l'excellente Amy Adams est ici livrée à elle-même), La Nuit au musée 2 ressemble plus à un caprice de potes qu'à un véritable long-métrage.