Pour célébrer les 25 ans du Grand Bleu de Besson, quelques centaines de Cannois chanceux ont eu la chance de voir se produire sur scène le compositeur des musiques cultes du film, Eric Serra, pour un concert anniversaire annonçant, qui plus est, la sortie de sa bande originale remasterisée. Preuve en est qu'un quart de siècle plus tard, le public attache toujours autant d'importance au travail du musicien, dans la réussite phénoménale des anciens films de Besson.
Car si l'on pense immanquablement à Luc Besson quand on entend Subway, Nikita, Le Grand Bleu ou encore Léon, un deuxième nom vient rapidement en tête : celui d'Eric Serra. Un sidekick discret, véritable Igor du docteur Frankenstein, qui ne cherche ni les louanges et fuit la versatilité du star-system. Pourtant, sa patte reconnaissable entre mille a très largement contribué au succès des quelques films mentionnés plus haut. Parmi eux donc, Le Grand Bleu et sa bande originale, qui restera d'ailleurs le plus grand succès du musicien. Elle s'écoulera à près de trois millions d'exemplaires dans le monde (dont deux millions en France, chose que l'on ne reverra très certainement plus jamais) et vaudra à Eric Serra le César de la meilleure musique et la Victoire de la meilleure bande-son, en 1989. Car outre sa capacité à sublimer l'image, la musique de Serra jouit avant tout d'une grande accessibilité : entre balades pop et fresques contemplatives, même ceux n'ayant jamais vu Le Grand Bleu peuvent très facilement tomber amoureux de sa bande originale.
Presque intégralement composée et jouée au synthétiseur, la musique du Grand Bleu a fatalement pris un sacré coup de vieux. Les vagues synthétiques de « Sailing to Death » ou « Synchronised Instant » ont beau avoir conservé leur charme, d'autres morceaux accusent sérieusement le coup des années, comme « La Raya » ou « Spaghetti del Mare ». Même constat pour la chanson « My Lady Blue », chantée par Serra lui-même, dont le son demeure piégé dans les années 80. Tant que l'on reste dans la poésie contemplative, dans le ressort émotionnel, alors la sauce prend. Par le calme des fonds marins, l'appel à la méditation, il se dégage des musiques de Serra une importante impression de tranquillité, un mélange doux-amer de réclusion et d'appréciation de l'instant, exactement comme dans le long métrage. Il ne pouvait certainement pas y avoir de plus belle bande-son pour accompagner les voyages de Jean-Marc Barr et Jean Réno au fond de l'océan, on y est si bien que, comme ils le disent eux-mêmes, il faut une sacrée bonne raison pour vouloir remonter. Un grand moment de musique, même 25 ans après. A noter que l'album est composé de deux volumes, disponibles séparément ou dans un coffret intégrale. L'édition remasterisée, elle, ne comprend que le volume 1, accompagné de trois pistes bonus.




