Par une logique imparable, le formidable Batman de Tim Burton eu le droit au moment de sa sortie à une adaptation en comics. Un numéro spécial qui eu même les honneurs d'une traduction rapide chez USA Comics en France et dont Urban Comics nous propose enfin une édition définitive.
Un superbe volume dit Deluxe puisqu'en plus de comporter le récit attendu, il propose, en sus de quelques croquis préparatoires et d'une longue et très intéressante introduction, l'intégralité des planches encore non colorisés, avec quelques annotations, coups de crayons et rectification visibles. Un petit trésor pour les amateurs de comics qui ne peuvent qu'être à nouveau impressionnés par le travail fourni par le solide Jerry Ordway. Alors auréolé de sa présence sur All-Star Squadron et bien entendu Crisis on Infinite Earths, il repousse encore plus loin son trait précis, son talent pour faire habilement cohabiter l'iconisation des super-héros et un réalisme parfois troublant, pour rester au plus près de l'esthétique du film. Se baladant sur les lieus du tournage, présentant ses travaux aux acteurs pour s'approcher de la plus grande ressemblance possible, il retrouve à merveille la présence et les attitudes de ceux-ci... en particulier Michael Keaton et Jack Nicholson absolument bluffants.
Pas loin parfois du photoréalisme mais avec là aussi une compréhension totale de la stylisation même de Tim Burton et de son équipe artistique, se tournant vers l'impressionnisme, le gothique et le futurisme pour recréer l'esthétique dite « comic ». Ses planches sont spectaculaires et capturent à merveille de purs instantanés du film. Le travail a été semble-t-il un peu plus compliqué à gérer pour Dennis O'Neil, auteur et éditeur indissociable du Cape Crusader, qui dû travailler à partir d'un scénario en constante évolution et surtout avec une pagination beaucoup trop réduite pour l'ambition du projet. Si les scènes cultes, les dialogues indispensables répondent bien entendu présents, l'histoire va souvent beaucoup trop vite, enchainant les séquences comme si le long métrage avait été réduit de moitié dans un montage un peu hystérique. Difficile d'y retrouver l'amplitude du métrage, l'énergie de certaines scènes voire d'éléments qui pourraient compenser la disparition logique des apports de la musique, et plus cruellement des mises en place nécessaires. Un peu court donc, expédié parfois, le comics a tout de même préservé de ses diverses réécritures deux séquences alternatives finalement différentes des version finales vues dans le film : l'échappée de Batman de l'usine de produits toxiques et un final un peu plus long redonnant un peu d'épaisseur au journaliste Alexander Knox.
Alors qu'aujourd'hui les fans de Batman et les nombreux amateurs du film peuvent le faire tourner en boucle sur leur platine Bluray, 4K ou en streaming, relire ce Batman The Movie relève tout de même de la sympathique curiosité.

