Présenté par Robert Kirkman comme la relève d'Invincible, Radiant Black s'est déjà largement imposé aux USA comme l'une des nouvelles valeurs sûres d'Images Comics, et même le point de départ d'un nouvel univers partagé avec un crossover, Supermassive, à la clef. Un nouveau super-héros, très proche des précédents Powers Rangers de Kyle Higgins, sur lequel il va falloir apprendre à compter.
S'il vient d'assoir sa réputation en donnant un vrai nouveau souffle à la série Nightwing, le scénariste Kyle Higgins est surtout connu pour ses multiples réinterprétations d'univers de tokusatsu comme Power Rangers (à l'origine de vraies séries japonaises traficotées) et Ultraman. Reprenant un peu de distance avec des licences archi-rabattues, il développe ainsi une nouvelle série chez le plus libre Images Comics et n'hésite pas finalement à mélanger les branches précitées : d'un côté une origin story typique des super-héros façon Spider-man, et de l'autre des codes largement empruntés aux combattant colorés nippons, le tout baigné dans un contexte plus réaliste, voir social, qu'à l'accoutumé. Nathan Burnett n'est donc pas un adolescent plein de vie et de promesses mais un trentenaire qui attend toujours que sa vie, et le roman qu'il traine, ne décolle véritablement, se voyant obligé de retourner dans son patelin et d'habiter chez papa et maman. Le hasard va alors le placer devant une étrange force venue d'ailleurs, le recouvrant d'une armure synthétique noir et blanc et lui offrant de considérables pouvoirs sur la matière. Accompagné de son copain d'enfance, beaucoup moins altruiste, il doit apprendre à comprendre sa nouvelle nature tout en s'efforçant de retrouver l'inspiration et son indépendance.
Après un premier chapitre extrêmement, mais volontairement, classique, Higgins se montre particulièrement habile pour développer un univers en constante expansion, réappropriation parfaitement digérée des sentais dans sa mythologie, et délivrant une succession de twists et de remises en causes toujours logiques et efficaces. Un feuilleton spectaculaire où déjà un aspect Space Opera à venir tape régulièrement l'incruste, mais qui sait aussi donner une vraie force à ses personnages, figures pas forcément extrêmement complexes, mais en tout cas suffisamment humaines et crédibles pour accrocher le lecteur. Bien entendu il apparait un autre Radiant, usant de ses pouvoir pour cambrioler les banques alentours, mais là encore, autant l'opposition entre les deux héros que les motivations de ce premier « vilain » vont amener un renversement total dès la fin de ce premier album.... Et même un ultime chapitre confié au duo Cherish Chen et David Lafuente (Ultimate Spider-man... tiens, tiens...). Un excellent démarrage plein d'esprit, original et énergique pour un nouveau personnage aussi charismatique qu'attachant, et profitant au passage dès design épuré mais stylé signé Marcelo Costa (Firefly). Si effectivement son style graphique manque d'un peu de relief, tout comme sa colorisation trop proprette, il apporte aussi une certaine simplicité grand public, accessible, qui rejoint en définitive l'ambition première d'une série qui pourrait effectivement devenir dans les années à venir un nouveau classique du genre pas bien loin en effet d'Invincible et Ultimate Spider-man. On a connu pires comparaisons.

