Nouvelle découverte de 404 comics avec We Live, promenade verdoyante en compagnie de trois enfants attachants dans un monde terrifiant qui s'effondre autour d'eux. La fin du monde est là, mais Tala, Hototo et Humbo gardent espoir. Surprenant et déchirant.
2084, rien ne va plus. Épuisée par les guerres et les ravages humains, la Terre semble avoir lancé le dernier assaut sur une humanité à genoux. Le monde est peuplé d'animaux mutants, la faune a envahit toutes les traces de civilisation et seul reste, survivants, 10% de la population humaine. Annonçant un ultime cataclysme, un peuple extraterrestre propose de sauver 5000 enfants : ceux qui trouveront l'un de ses mystérieux bracelets et arriveront à se rendre à l'une des balises disposés sur la surface du globe. Le jeune Hototo est de ceux-là, bambin déguisé en super-héros, accompagné de sa grande sœur, et il rencontreront en chemin Humbo, jeune homme inventif, lui même protégé par Alice, primate géante et intelligente. Une charmante petite troupe dessinée avec une belle fraîcheur par Inaki Miranda (Coffin Hill, Old Lady Harley, Out of Body), leur prêtant des traits vivants, une grande expressivité une candeur désarmante, d'autant plus réussit qu'elle s'inscrit dans une esthétique lumineuse, colorée, presque cartoony, constamment rehaussée par les couleurs d'Eva de la Cruz (Catwoman, Fairest).
Un peu à la manière du Nausicaä de Hayao Miyazaki (qui reste de toute façon une énorme influence ici), la beauté de la nature, la réinvention presque radieuse de la faune et la fausse naïveté des designs, contraste durement avec la réalité qui est décrite dans ces pages, vision tout juste hypertrophiée des menaces qui nous guettent. Un récit de fin du monde mais qui, comme Le Tombeau des lucioles, est perçu et vécu à hauteur d'enfant, confrontant l'innocence naturel de ces petites héros avec les horreurs qu'ils vont irrévocablement croiser tout au long de leur périples : bêtes fauves qui dévorent presque toute la caravane qui les accompagnait, humains zombifiés (les putrides) qui détruisent et contaminent tous ce qu'ils touchent, secte abattant les gosses d'une balle dans la tête pour avoir cru à un faux messie... We Live et son cri d'espoir qui vient du cœur. Un cri qui survit malgré tout pour une œuvre éprouvante qui n'épargne jamais ni ses protagonistes, ni un lecteur entraîné dans une course contre la montre, un ultime voyage vers les dernières lueurs d'un monde mourant. Les frères Miranda nous offrent ici une série étonnante, toujours juste dans ses émotions, riches dans son univers, avec une narration qui ne cesse de s'accélérer, plus les gamins se rapprochent de la fameuses balises, résistent aux multiples séparations forcées et que les éléments et les évènements se déchaînent autour deux. Et de ce drame profond, de cette aventure ultime, les deux auteurs réussissent à dégager, en dernier ressort, une réflexion surprenante sur la nature et l'importance du mythe héroïque, du symbole d'optimisme qu'il peut revêtir et qui peut s'avérer salutaire. On est pas loin d'y verser sa petite larme...

