Malgré son titre à rallonge, parfaitement mis en valeur sur des couvertures américaines monolithiques, We Only Find Them When They're Dead est l'un des gros cartons comics de ces derniers mois. Près de 75000 ex vendus pour le premier numéro soit une place très convoitée pour un titre Space Opera sans un encapé à l'horizon.
Et du vrai space opera en l'occurrence, embarquant le lecteur quelques siècles dans le futur alors que l'humanité, dévoreuse parmi les dévoreurs a déjà réussi à venir à bout des ressources de l'espace connu, s'attendant, à nouveau à voir son empire s'effondrer. Mais l'apparition de dieux morts, sortes de Galactus errant dans le cosmos, va devenir une nouvelle manne, cadavres prêts à être découpés et transformés en matière première par des vaisseaux équarrisseurs. C'est dans ce contexte qu'apparaît l'équipage du Capitaine Georges Malik, joueurs de seconde catégorie, qui échafaude un plan pour échapper à la surveillance des autorités, et s'embarquer pour une quête aussi mystique qu'avide : trouver un dieux vivant. Plus que jamais l'homme est ici microscopique face à son environnement et à ses colosses qu'ils dépècent laborieusement entouré par un espace infini. Ayant déjà largement boosté et modernisé la licence Power Rangers chez Boom ! Studio, l'illustrateur italien Simone Di Meo est ici plus que jamais à son avantage, alternant les plans resserrés sur les personnages humains engoncés, enfermés dans leurs vaisseaux nécropsiques, débattant, se chamaillant pour quelques tonnes de viandes et de matières divines, et les visions grandioses d'un espace infini traversé par ses étranges corps flottants.
Aidé par les couleurs éclatantes et électriques de Mariasara Miotti, Di Meo compose un trip spectaculaire et donne corps à un univers grandiose, spectaculaire, mais qui n'oublie pas de définir et rendre vivant les quelques personnages centraux. Ici le récit tourne d'ailleurs essentiellement auteur du Capitaine Malick et Richter, sorte de shériffe de l'espace intransigeante, et leur antagonisme ne se borne pas à une simple entorse aux règles en vigueur. Un passif que l'on découvre peu à peu, par le bais de nombreux flash-backs imbriqués, figure narrative préféré d'Al Ewing sur le titre. Créateur de la résurrection monstrueuse du colosse de jade dans Immortal Hulk, celui-ci pose un décorum alléchant, pleins de potentiel, mais curieusement ne semble pas assez confiant pour le laisser dériver naturellement. D'où sans doute cette accumulation de retour en arrière, d'inserts temporels, de rappels des évènements et de dialogues parfois répétitifs qui alourdissent inutilement une trame pourtant assez limpide au départ. Un surdécoupage, plongé dans une mise en page parfois alambiquée et décadrée, qui ne facilite pas forcément la compréhension de certains passages.
On se sent parfois un peu perdu dans We Only Find Them When They're Dead, saga SF ambitieuse impressionnante dans sa démesure graphique, dans ses compositions aux échelles improbables, mais comme constamment retenu par une sensation de surplace qui confine au faux départ. Maintenant que les choses sont vraiment lancées, espérons que la série trouve véritablement son rythme de croisière.

