Très joli succès pour la saga Elfes développée par Jean-Luc Istin pour l'éditeur Soleil. Déjà treize albums, auxquels il faut ajouter directement les trois premiers tomes de la série sœurs Nains. Des trajectoires de grandes figures de l'Heroic Fantasy qui ne cessent désormais de se croiser, avec ici en point d'orgue le grand final des aventures de Fall, l'elfe blanc.
Un personnage mystérieux au centre des tomes 3 et 8 de la série, plus proactif que le reste de sa race, et qui aura semé la terreur dans les terres d'Arran en partant sur les trousses d'un gigantesque Dragon Blanc. Aujourd'hui cette quête est achevée, mais toujours à la recherche d'une mission, Fall guette désormais le retour de Lha'saa, la nécromancienne, déjà évoquée dans d'autres BDs de la gamme. Une confrontation qui prendra des siècles puisque Fall et ses alliés vont être plongés dans un état catatonique durant de longues années à cause d'un sortilège, ne pouvant alors empêcher sa résurrection. Quels sont les liens qui ont été tissée entre le guerrier blanc et cette sorcière capable de changer de corps ? Quel sera l'issue de cette bataille entre l'armée de goules et les derniers représentants de la vie ? Quel est le véritable but de Lha'saa ?
Le très bon scénariste Olivier Peru (Zombies, Les Maîtres Inquisiteurs) revient pour achever sa trilogie de l'elfe blanc avec une amplitude impressionnante : chronologie explosée, batailles gigantesques, ramifications profondes, mais aussi reprises de nombreux éléments et personnages extraits du reste de l'univers comme Lanawyn, l'elfe bleue, ou Redwin de la forge. Un récit particulièrement ambitieux, parfois excessivement complexe pour ceux qui reprendrait le train en marche, mais qui maîtrise son feuilleton entre élans épiques et drame plus intimiste, avec bien entendu au cœur du drame la romance entre Fall et la belle Princesse des elfes blancs. Présent aux cotés de Peru depuis les débuts de la trilogie, Stéphane Bileau (La Quête du Graal) ne cesse de s'améliorer, autant dans les designs que dans les décors, souvent très impressionnants, et délivre des planches spectaculaires et fouillées, où éclosent les couleurs de Merli (End). On pourra juste regretter que poussé par une trame touffue, l'illustrateur soit parfois obligé de compresser son découpage et de structurer des cases trop restreintes, étriquée, pour mettre en avant son talent. En tous cas, là où l'on aurait pu craindre depuis le temps qu'une telle série concept, annoncée au départ en 5 tomes seulement, allait s'étioler peu à peu, il est évident qu'il n'en est rien. Bien au contraire.

