WES ANDERSON – LA TOTALE
France– 2024
Genre : Cinéma
Auteur : Christophe Narbonne
Nombre de pages : 288 pages
Éditeur : E/P/A
Date de sortie : 16 octobre 2024
LE PITCH
Obsession du détail et de la symétrie, audace chromatique, esthétique vintage : le cinéaste texan Wes Anderson impose un style et une signature inimitables, dont la portée déborde du cadre strictement cinématographique. Regarder un film de Wes Anderson revient à traquer le visible et l’invisible, à recenser les références et les clins d’œil plus ou moins cachés que ce grand esthète affectionne. Un véritable jeu de piste dont ce livre a pour ambition de vous livrer les clés.
Esthète de l’image
Fleuron du cinéma bon chic bon genre, Wes Anderson a créé, œuvre après œuvre son sillon dans le cinéma américain avec une cohérence et un style qui lui sont propres. Plusieurs livres lui ont déjà été consacrés cherchant pour beaucoup à analyser l’auteur. L’ouvrage de Christophe Narbonne, lui, nous invite au voyage chronologique au gré de ses films et de ses courts métrages.
Wes Anderson : les 11 films et les sept courts-métrages expliqués n’est pas une biographie du cinéaste. L’auteur préfère orienter son livre non pas sur l’homme mais sur la personne derrière les films. Ceux-ci valent mieux que mille commentaires tant ces derniers sont personnels et indissociables du metteur en scène.
Déjà près de trente ans que le texan nous fait partager son univers. Trente années et onze films accompagnés d’une poignée de courts métrages, ce n’est pas énorme, mais c’est le temps qu’il faut pour écrire sa psychanalyse filmique. Le monsieur ne fait rien à la légère et s’entoure de ses intimes qui pratiquent le Anderson depuis longtemps. Les frangins Wilson, Owen et Luke, avec qui il a partagé les bancs de l’école, suivis bientôt de l’irremplaçable Jason Schwartsman et de Roman Coppola, son futur binôme scénaristique. Travailler avec Anderson, c’est rejoindre une bande. Bill Murray pourra le confirmer, lui, le bougon pas facile à convaincre est devenu l’un des piliers fidèles de son cinéma. La famille ne cesse de s’agrandir. Pour le cinéaste, cette façon d’être est son leitmotiv; que ce soit devant ou derrière la caméra, sa bande d’acolyte partagent les mêmes lieues er hôtels sur les tournages pour plus de promiscuité et de convivialité. Un climat propice pour le metteur en scène afin de se sentir serein et en liberté pour élaborer son esthétisme précieux où la grâce de l’image rivalise avec celle de la caméra.
Chronologie du détail
Christophe Narbonne, qui a notamment travaillé durant de nombreuses années au magazine Première, oriente plus volontiers son livre sur la rétrospective que sur l’analyse, et c’est tant mieux. Chaque film ou court-métrage abordé se décompose de la même façon, à savoir : la genèse du film, la distribution, réalisation et la réception critique et public du film en question.. Une façon linéaire permettant d’aborder l’ouvrage avec une vue d’ensemble ou de s’attacher plus particulièrement à une partie privilégiée de la mécanique de fabrication du film. En guise d’entracte entre chaque œuvre, de Bottle Rocket à Asteroid city en passant par son anthologie de courts-métrages consacré à Roald Dahl ; Christophe Narbonne offre des focus sur les différents éléments artistiques (ou non) représentant les fondamentaux de Wes Anderson avec des parenthésés sur les décors, musique, portraits, publicités ou obsessions de l’auteur. Avec un metteur en scène privilégiant à ce point l’esthétique colorée de ses films, le livre devait correspondre à cet univers. Effectivement, l’objectif est atteint. La mise en page est soignée, pour ne pas dire gracieuse, aérée qui offre plus l’impression de feuilleter un ouvrage plutôt que d’arpenter un pamphlet monocorde sur un auteur. 288 pages agréables à lire à l’iconographie foisonnante, préfacées par l’incontournable maître du festival de Cannes, Thierry Frémaux qui a côtoyé le plus parisien des metteurs en scène texan de très près. Un bel objet classieux comme on aime les collectionner. Il rejoint facilement nos bibliothèques aux cotés des différents ouvrages s’attardant sur « la totale » des metteurs en scène sortis récemment (Spielberg, Hitchcock…).
Wes Anderson : les 11 films et les sept courts-métrages expliqués, n’est pas foncièrement indispensable, mais on aime y replonger facilement à chaque visionnage d’un film du cinéaste. Une extension comme un making-of intime et coloré. Un ouvrage où l’on se prend à errer et se perdre comme dans un film de Wes Anderson.