TSUI HARK : LA THÉORIE DU CHAOS
France – 2023
Genre : Cinéma
Auteur : Arnaud Lanuque
Nombre de pages : 576 pages
Éditeur : Omaké Books
Date de sortie : 23 novembre 2023
LE PITCH
Tsui Hark, la Théorie du Chaos est le premier ouvrage en français intégralement consacré à ce touche-à-tout de génie qui a marqué de son empreinte le cinéma de Hong Kong et de Chine et influencé de multiples personnalités à travers le monde, allant du groupe pop américain Sparks aux cinéastes Peter Jackson et Christophe Gans. Fort d’une centaine d’interviews exclusives, dont Tsui Hark lui-même mais aussi d’autres cinéastes prestigieux comme John Woo et Ringo Lam et de nombreux collaborateurs proches, le livre dévoile une personnalité complexe, à la fois anxieuse et ambitieuse, romantique et désabusé, mais dont la passion dévorante pour le cinéma en fait une force inarrêtable ! Venez découvrir avec nous l’univers foisonnant de Tsui Hark !
Le Guerrier du cinéma magique
Figure récurrente de la critique ciné asiatique, visage très connu des habitués de l’éditeur Spectrum Films et déjà auteur d’un Police Vs Syndicats du Crime rapidement devenu une référence sur le polar HK, Arnaud Lanuque signe un important ouvrage sur l’œuvre de Tsui Hark. Un authentique génie du 7ème art à l’œuvre aussi chaotique que ses méthodes de tournage.
Et c’est une première pour la France, où le monsieur reste encore surtout une référence pour les férus de cinéma asiatique, là où un John Woo est plus ou moins reconnus par tous. Pourtant, c’est bel et bien Tsui Hark qui a permis à son ami John Woo d’entrer de plein pied dans un cinéma plus personnel et avec qui il a co-écrit, co-conçu et produit Le Syndicat du crime 1&2 et The Killer. Mais plus que ce dernier, très marqué par l’esthétique américaine et le cinéma de Melville, Tsui Hark est un artiste plus profondément Hong-kongais, chinois par essence, autant dans sa manière de faire, son esthétique que dans les univers explorés. Mais c’est aussi, comme là aussi sa relation avec John Woo le montre, un créateur au caractère et aux méthodes des plus particulières. Lui qui dû longtemps se battre pour imposer sa vision des choses, que ce soit à la télévision ou pour ses premiers longs métrages (Butterfly Murders, L’Enfer des armes…) dont il n’eut jamais vraiment le director’s cut, il devint à son tour quelques années plus tard un producteur extrêmement invasif via sa firme Film Workshop, n’hésitant jamais à réécrire les films (jusqu’au doublage), les remonter voir à en tourner de grandes parties lui-même. Les productions Tsui Hark sont ainsi aussi bien souvent des films signés Tsui Hark et si certaines relations, comme celle avec Ching Siu Tung crédité comme réalisateur des Histoires de fantômes chinois, pourront s’avérer fructueuses, elles finiront bien souvent par une brouille plus ou moins définitive.
L’usine à films
Atypique certainement, même ses propres tournages n’hésitent pas à faire appel à des réalisateurs collègues et amis pour multiplier les équipes et ainsi tenter de réduire le temps de tournages et le coût… ce qui n’arrivera finalement presque jamais. Une fièvre de création, un inlassable besoin de faire des films, une recherche constante de nouveau sujets, de nouveaux genres, de modes à faire ou défaire et des ambitions parfois démesurées, donnent effectivement à ses œuvres et à sa filmographie un visage baroque, alternant les purs éclairs de génies et les brouillons inaboutis. De la révolution Zu les Guerriers de la montagne magique à ses grandes saga populaire Il était une fois en Chine, Histoires de fantômes chinois, Swordsman ou plus récemment les Detective Dee, en passant par ses propositions plus romantiques comme The Lovers ou Peking Opera Blues, les renversements formalistes que sont The Blade ou Time and Tide, en passant par ses grosses comédies comme Le Festin Chinois, ses tentatives américaines Double Team et Pièges à Hong Kong jusqu’à son abandon progressif de ses thématiques politiques au profits de grands spectacles « au service » de la Chine continentale actuelle, Arnaud Lanuque traverse tout son cinéma sans jamais en cacher les échecs et les zones d’ombres.
Après 10 ans de gestations, l’auteur s’appuie ici sur de longs entretiens inédits avec un cinéaste assagi, mais aussi de nombreuses interviews de collaborateurs occasionnels et privilégiés, stars chinois ou d’autres grands cinéastes comme John Woo, Ringo Lam ou Sammo Hung, pour conter les coulisses de tous ses films, de leurs constants changements de forme et de direction jusqu’à des tournages souvent particulièrement chaotiques, voir catastrophes, durant l’âge d’or 80/90. Une plongée unique dans la carrière de Tsui Hark réalisateur, producteur, scénariste, mais aussi parfois acteurs ou metteur en scène de théâtre, jusqu’à un référencement quasi-exhaustif de ses nombreux projets inaboutis, qu’Arnaud Lanuque accompagne de ses propres réflexions sur les qualités intrinsèques de chaque métrage.
Forcément ABSOLUMENT indispensable pour tous les fans du cinéaste et regard particulièrement complet sur une œuvre bourrée de grands, de petits chef d’œuvre et de divertissements plus que recommandables, ce Tsui Hark La Théorie du chaos se présente sous la forme d’un imposant livre de presque 600 pages avec quelques pages couleurs en son centre (avec photos et documents issus des archives personnelles du metteur en scène), accompagné d’un marque page à l’image de l’artiste, le tout glissé dans un coffret bien solide en carton dur. C’est du solide donc.