TOUTES LES COULEURS DU BIS N°14 : 80 CLASSIQUES DU CINÉMA FANTASTIQUE MUET
France – 2023
Genre : Cinéma, Fanzine
Auteur : Stéphane Erbisti
Nombre de pages : 108 pages
Editeur : Sin’Art
Date de sortie : 15 décembre 2023
LE PITCH
Toutes les couleurs du bis 14 vous invite à un voyage fascinant à la découverte des œuvres qui ont façonné le cinéma de genre. Faites la connaissance de ces réalisateurs qui, avec les moyens du bord, ont réussi à proposer au public de l’époque des expériences nouvelles relevant là encore du jamais-vu. Prenez part à l’évolution même de la technique cinématographique et du cinéma fantastique en particulier. Plongez, au fil des pages, dans un univers étrange et extravagant, foisonnant d’idées insolites …
Le Silence est d’or
Après des numéros consacrés à Traci Lords, Edwige Fenech, Russ Meyer, Lucio Fulci ou encore le cinéma d’exploitation US, l’excellent fanzine de Stéphane Erbisti remonte le temps pour nous offrir une vue d’ensemble aussi exhaustive que possible du fantastique à l’époque des pionniers du muet. Un ouvrage passionné et passionnant où se croisent classiques intemporels (Nosferatu, Metropolis, Le Cabinet du Docteur Caligari) et curiosités inestimables (Les Chagrins de Satan, The Headless Swordsman, La Charette Fantôme).
Fidèle aux traditions du fanzine, Toutes les couleurs du Bis affiche fièrement sa facture artisanale et rappelle dès son édito son attachement au support physique (VHS, DVD) ou se distingue deux cinéphilies : celle qui s’affiche pour briller en société et sur les réseaux sociaux et celle qui se vit sans céder aux modes ou aux idées préconçues. Une belle entrée en matière qui colle au sujet de cette quatorzième parution : le cinéma fantastique muet, celui des inventeurs et des rêveurs du début du siècle dernier.
La plume de Stéphane Erbisti n’est pas celle d’un universitaire mais plutôt celle d’un historien amateur dont chaque phrase transpire d’un amour sincère pour le 7ème Art en général et pour le cinéma de genre en particulier. Consacrée à un tour d’horizon des premiers films fantastique de l’apparition du cinématographe jusqu’à l’année 1929 et la révolution du parlant, la première partie ne se contente jamais d’un name dropping fastidieux mais agrémente au contraire ce passage en revue chronologique et thématique d’une réhabilitation d’une période que l’on croirait (à tort) réservée aux historiens et aux académiciens. L’auteur retourne comme une crêpe les arguments qui pourraient nous faire croire que le muet est obsolète (plans fixes, théâtralité du jeu d’acteur) en insistant sur l’inventivité des artistes pour transcender les limites techniques et en soulignant à quel point le cinéma fantastique que nous aimons aujourd’hui est redevable de cet âge d’or silencieux.
Une brève histoire du temps
Pourquoi 80 films ? Et pourquoi pas 100 ou 1000 ? Allez savoir. Mais le fait est que cette liste a le mérite d’afficher un bel équilibre. Ni indigeste, ni trop courte, la sélection n’oublie rien, ni personne. George Méliès et le serial français, l’Expressionnisme Allemand de Murnau, Lang et cie, les adaptations en pagaille de classiques de la littérature fantastique à Hollywood, chaque film ramène le lecteur a ce simple constat : sans les romans de Stevenson, Verne, Shelley, Stocker et consorts, le cinéma fantastique se serait vite retrouvé à court de carburant et sans les efforts surhumains des artisans de la pellicule avec leurs sacs à malice, l’essor de l’imaginaire, de l’horreur, du surréalisme et de la science-fiction à l’écran n’aurait probablement jamais eu lieu. De la page au celluloïd, c’est une transition naturelle que Stéphane Erbisti met en lumière. Mieux encore, il nous transmet le virus de la curiosité et l’envie de la découverte. Pour qui aura la patience de fouiner entre les plateformes de streaming et les éditions vidéo, les mythes de Faust, de Dracula, de Frankenstein et du Golem, des fantômes, des voyages aux Pays des Merveilles, vers un Monde Perdu ou sur la Lune leur tendent les bras. On aurait d’ailleurs apprécié que les fiches accompagnant chaque titre nous renseignent sur leur disponibilité et c’est bien le seul reproche que l’on adressera à cette publication dont vous auriez tort de vous priver.
« Quand on est passionné par quelque chose, on a envie de tout savoir sur le sujet, d’aller chercher les moindres détails, de connaître le pourquoi du comment, non ? » C’est bien vrai, ça, Mr Erbisti !