SWAN SONG T.1&2
États-Unis – 1987
Genre : Science-Fiction, Fantastique
Auteur : Robert McCammon
Nombre de pages : 2 x 540 pages
Éditeur : Monsieur Toussaint Louverture
Date de sortie : 12 mai 2023
LE PITCH
L’apocalypse, c’est maintenant. Missiles et fusées se croisent dans le ciel et font s’abattre sur la terre des tornades de feu. Un vent terrible se lève, les poussières radioactives voilent le soleil, la vie telle qu’on la connaît va s’achever. Dans une plaine déserte du Kansas brûlée par le feu nucléaire, Black Frankenstein, une force de la nature, se voit confier une mission par un vieillard mourant : protéger une enfant au don particulier. Dans les décombres d’un New York annihilé par les bombes, une sans-abri à moitié folle découvre un étrange anneau de verre. Dans les ruines souterraines d’un camp survivaliste des montagnes de l’Idaho, un adolescent apprend à tuer… Plusieurs vies, plusieurs trajectoires, un seul but: survivre à la fin du monde.
Les choses qui pourraient se réaliser
Quelques mois après avoir proposé une nouvelle édition de la chronique enchantée Zephir, Alabama, Monsieur Toussaint Louverture, amoureux de beaux livres et d’éditions élégantes, propose pour la première fois en France le grand œuvre de Robert McCammon (L’Heure du loup, Le Sous-marin des ténèbres…). Une fresque post-apocalyptique terrifiante, cruelle et précieuse.
Dans les quelques propos recueillis en fin du deuxième volume, l’auteur décrit sont approche du travail de romancier comme similaire à celui du réalisateur, qui doit s’attarder ainsi sur chaque détail de ses scènes (décors, costumes, choix des acteurs…) pour créer des images inoubliables. Et effectivement son écriture, toujours fluide, directe mais précise, vient constamment faire naitre des visions évocatrices et spectaculaires, travelling ou panoramas sur un monde en ruine. Publié pour la première fois en 1987 Swan Song est forcément un récit hanté par la Guerre froide et l’omniprésence de la menace nucléaire, s’ouvrant avec beaucoup de justesse sur un Président des États-Unis confronté à l’irrémédiable, comme se réveillant dans un cauchemar qu’il a lui-même provoqué. Quelques pages sur l’avant, où les autres protagonistes entament leur chemin vers le monde d’après, comme Josh le géant (ou Black Frankenstein son nom de catcheur), Swan la gamine amoureuse des plantes, Sister Creep la clodo hantée par la culpabilité et l’alcool ou Roland l’ado fasciné par l’âme militaire et le survivalisme, et qui comme beaucoup d’autres une fois les bombes tombées, vont devoir se relever et redécouvrir ce monde et eux-mêmes en plein hiver nucléaire.
Pour des lendemains qui chantent
Un peu à la manière du Fléau de Stephen King, Swan Song lie et délie les destinées de chacun et surtout observe pages après pages leurs courage face à la mort, la folie et la destruction, entre ceux qui marchent et s’efforcent de préserver leur part d’humanité et ceux qui se rêvent déjà nouveaux conquérants d’un empire belliqueux et mécanique digne d’une chevauchée à la Mad Max. Découpé en deux grandes parties, deux volumes, séparés par sept ans d’errances qui resteront hors-champs, Swan Song est forcément une dénonciation constante des pires travers de l’humanité et de cette fascination morbide pour les armes, le pouvoir et la mort, mais c’est aussi une grande fresque sur l’ultime affrontement du bien contre le mal. Des bribes de pistes bibliques forcements, mais aussi et surtout une forme de mystique symbolique faite de cartes de tarot, d’objets étranges, de mutations inquiétantes, mais où la science à l’origine du mal se transformerait en magie inexplicable, en mythe d’un nouveau commencement. Si un curieux démon personnifiant à lui tout seul le désespoir et la faim peut s’y trimbaler à bicyclette à travers les champs de cadavre exsudant les mouches par la bouche et suivi par une meute de loup (presque un tableau baroque), la lumière revient peu à peu au cours des chapitres. Elle est portée par cette gentille gamine, petite fille trimbalée de droite à gauche par une mère carrément paumée, et devenant malgré elle une fois adolescente le dernier espoir de l’humanité. Pas une once de naïveté, mais une célébration de la solidarité et de l’amour dans ce qu’ils ont de plus noble. Le monde peut-il être reconstruit malgré tout le mal qu’on lui fait ?
Conteur hors pair, McCammon embarque totalement le lecteur dans un roman fleuve palpitant souvent effrayant, désespérant, étouffant, mais aussi doté d’une humanité profonde, poétique et d’une émotion bouleversante.