SUP’HEROS : LA GRANDE AVENTURE DU MAGAZINE MUSTANG

France – 2020
Genre : Bandes dessinées
Auteurs : Thierry Mornet, Michel Montheillet
Nombres de pages : 176
Editeur : Black and White
Date de sortie : 10 décembre 2020
LE PITCH
Ce livre-hommage de Thierry Mornet et Michel Montheillet, proposé au format des anciens albums LUG, célèbre le 40e anniversaire de cette revue mythique.
Made in France
Après avoir lancé la collection des intégrales de Photonik, le célèbre super-héros crée par Ciro Tota, les éditions Black and White ont décidé d’explorer les origines de sa création ainsi que celles de ses camarades Mykros, Ozark, Cosmo et bien d’autres, au sein du magazine Mustang. Magazine qui a fêté les 40 ans de sa première édition et qui, à l’instar de Métal Hurlant, a laissé une trace importante dans la pop culture française.
Si vous êtes nés dans les années 80 et que vous lisiez les aventures des personnages Marvel dans les magazines édités par Lug, vous avez peut-être découvert Photonik ou Mykros dans les pages de Spidey ou Titans. Et si, en surface, rien ne différenciait leurs fantastiques aventures de celles de Spider-man, la Chose ou Daredevil, ils ne semblaient pourtant pas partager le même univers que les héros Marvel, habitués à se croiser régulièrement au détour d’une rue. Et pour cause, Photonik et Mykros, malgré leurs actions situées aux Etats-Unis, et des dessins n’ayant rien à envier à John Buscema ou John Byrne, étaient bel et bien des créations française qui n’était pas destinées à cohabiter avec les personnages de la maison à idée mais possédaient leur propre magazine avant ça, Mustang.
Mustang existait déjà avant d’accueillir ces histoires de super-héros mais était plutôt axé sur des récits type Western, c’est dans le n°54 que le sommaire change du tout au tout (un genre de reboot avant l’heure) et malgré la courte durée de cette seconde mouture (17 numéros) c’est bien celle-ci qui a le plus fortement marqué les esprits et les mémoires.
Héritage
C’est donc sur cette période que ce concentre le livre de Thierry Mornet et Michel Montheillet, qui revient sur le choix du changement de format, les précédentes incursions de la France dans le monde des super-héros avec le fameux Fantax (qui failli couter la prison à son auteur suite aux plaintes de la commission de surveillance des publications jeunesse) et bien sûr, le cœur de l’ouvrage, la création des personnages mythique du magazine.
Le livre aborde de manière chronologique leurs arrivées et celles de leurs auteurs et alterne entre présentation de chaque série puis interview des créateurs. La part belle est faites à Jean-Yves Mitton dessinateur et scénariste de Mykros, le trio de super-héros microscopiques inspiré par les Quatre Fantastiques et qui au fil de leurs aventures iront même jusqu’a franchir le quatrième mur pour rencontrer leur créateur, la série se plaçant alors un peu comme un pont entre Stan Lee et Grant Morrisson.
En pleine effervescence artistique, Mitton réalise en parallèle la série Cosmo Les évadés de l’espace, une série de science-fiction type Space opéra, en 8 épisodes (où l’on apprend qu’elle aurait dû s’appeler Galax mais Mitton préféra changer le nom au dernier moment par peur d’un procès de Galak, la marque de chocolat). Sur les trois séries du magazine, deux sont donc réalisées par Mitton mais la troisième n’est pas en reste puisqu’il s’agit de l’autre star du magazine.
Crée par Ciro Tota, Photonik est un super-héros dans la lignée de Captain Marvel ou Thor en cela qu’il met en scène un personnage humain, sans pouvoirs, devant se transformer en un être surnaturel pour affronter ses ennemies. Et comme Donald Blake, l’alter ego de Thor, Taddeus Tenterhook, celui de Photonik, est un jeune homme atteint d’infirmité (il est bossu) mais dont les qualités héroïques ne se cantonnent pas uniquement à sa version « dorée ».
Le livre aborde aussi, les séries Ozark et Mustang, Le Gladiateur de Bronze (uniquement présent dans le dernier numéro de la revue) et Zolt Zam, la série « fantôme » qui aurait dû être à l’origine la troisième série aux côtés de Mykros et Photonik mais dut laisser sa place pour une raison très… terre à terre.
En complément on retrouve une sélection des meilleures couvertures de Mustang, toutes réalisées par Jean-Yves Mitton, un chapitre sur un concours de dessin et les témoignages de ceux qui y ont participé, et qui fera naitre beaucoup de vocations. Et de nombreux intervenants du monde de la bande dessinées qui raconte tous avec émotion ce que la revue a représenté pour eux et l’influence qu’elle a eu sur leurs futurs travaux, on y retrouve, entre autres, Patrice Martinez l’auteur de Hoplitéa, Nicolas Meylaender scénariste et traducteur, Luc Brunschwig et Stephane Perger auteurs de Luminary.
On referme ainsi le livre avec la furieuse envie de lire (ou relire) toutes ces séries et d’avoir l’espace d’un instant vécu cette aventure éditoriale, qui a certes durée 17 mois mais marque encore les esprits 40 ans plus tard. Et on espère assister un jour aux retours de ces Super-héros, sur papier ou pourquoi pas sur les écrans car, les amateurs le savent bien, la résurrection fait aussi partie de leurs pouvoirs.