Au gré des ouvrages, on est en droit de penser tout connaître sur Steven Spielberg. Son enfance (vue dans « Les Fablemans« ), son entrée par la porte de derrière des studios Universal (et sa rencontre avec John Ford), ses box-office qui donnent le tournis (en milliards de dollars), ses traumatismes (le divorce de ses parents), jusqu’à son petit déjeuner (des céréales et un grand verre de jus d’orange). Pourquoi donc continuer à explorer les ouvrages qui lui sont consacrés où la redite est souvent de mise ? Car jamais un metteur en scène n’a autant rempli les linéaires des librairies durant ses cinquante années de carrière. Qui connaît Steven Spielberg, connaît ses collaborateurs. Le nom de Laurent Bouzereau titille largement la curiosité lorsque son patronyme est associé à un ouvrage consacré au réalisateur. Ce petit frenchy a voulu vivre le rêve américain. Bien lui en a pris car le fan boy qu’il était est devenu le réalisateur attitré des making-of de son idole. Mais tout ça il l’explique dans son livre Spielberg naissance d’un réalisateur légendaire.

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Son livre commence là où The Fablemans fini. De son entrée aux studios Universal à son assise mondiale suite au succès planétaire de E.T. L’extraterrestre. Soit exactement sur les dix premières années de la carrière de Steven Spielberg, sur cette période de formation qui vont l’amener du wonder boy qu’il était à l’auteur qu’il est devenu. Le livre nous offre une approche ludique et personnelle loin de tous les livres sortis présentement. Tel Indiana Jones, l’auteur nous invite à le suivre dans sa biographie de journaliste, à arpenter les caves et les greniers d’Amblin à la recherche de la moindre image inédite, de l’info la plus pertinente qui alimentera chacun de ses documentaires dédiés à un film de Spielby. Tous ses chapitres sont consacré à un de ses films allant de Duel à E.T.. Chacun d’eux se divise en deux parties. La première plonge dans les souvenirs de Bouzereau, de sa première projection du film, de son approche de documentariste pour la conception de ses bonus à son analyse de l’œuvre.  La seconde est une longue interview inédite de Spielberg par l’auteur. Dans le même principe que le bouquin, celle-ci est du domaine de la transparence tant la complicité entre les deux hommes semble s’être construite au fil des ans. Sans langue de bois, fidèle à lui-même, le metteur en scène n’hésite pas à évoquer ses échecs (financier pour 1941) comme ses réussites (le reste) en rendant justice à ses équipes qui l’ont suivi dans les galères (Les dents de la mer) et parfois aidé à améliorer ses idées de base par leurs suggestions. Un bel exemple d’humilité. Les interviews deviennent vite des conversations de cinéphiles où les anecdotes fusent dans la plus grande simplicité. 
Vous l’aurez compris, le livre vaut le détour. Mais s’arrêter là, même si c’est déjà formidable serait réducteur; car le meilleur se trouve entre les pages. Oui, oui. En plus d’être magnifique visuellement avec ses photos sur papier glacé et un texte aéré des plus agréable à lire, l’ouvrage est richement agrémenté de fac smillé. Des notes manuscrites, des mémos, extraits de storyboard, affiches des quatre coins du monde et plus encore, il devient un objet de collection donnant illusion d’être en possession d’un objet rare. D’autant plus qu’il est préfacé par George Lucas et John Williams pour appuyer le crédit de la légitimité de l’œuvre.

Atypique par son approche singulière, ouvrir Spielberg naissance d’un réalisateur légendaire, c’est pénétrer par la petite porte le musée de notre enfance, la caverne d’Ali Baba de l’imagination d’un des plus grands magiciens de notre époque. Un livre hautement recommandable.