SLUGS
Etats-Unis – 1982
Genre : Horreur
Auteur : Shaun Hutson
Nombre de pages : 300 pages
Éditeur : Faute de frappe
Date de sortie : 29 mai 2024
LE PITCH
L’irruption d’horribles limaces géantes dans l’existence de Mike Brady va faire bien plus que lui provoquer une crise d’urticaire. Alors que les morts mystérieuses s’accumulent autour de lui, l’inspecteur sanitaire tente de convaincre que la menace est bien présente et s’étend un peu partout. Mais il va devoir prendre les choses en main pour stopper l’invasion des gastéropodes mutants.
La mort qui rampe
Troisième volume de sa collection [COMPACT], qui réunit des récits horrifiques comme La Nuit des Morts-vivants et Wishmaster, l’éditeur Faute de frappe poursuit soin sillon et plonge cette fois dans la série B bien craspec avec la réédition en version intégrale du roman Slugs de Shaun Hutson.
En 1982, l’auteur punk et trash Shaun Hutson (Nemesis) publie ce récit typique du sous-genre de l’invasion de grosses bébêtes dégueux. En l’occurrence, il s’agit ici de la prolifération de limaces mutantes et aux proportions démesurées, qui se plaisent à grignoter les humains qu’elles croisent, se délectant de la chair humaine, et à pourrir la vie du héros, un inspecteur sanitaire qui a du pain sur la planche. Ça ne va guère plus loin, mais on s’en fiche, tant le résultat fait globalement honneur au programme proposé. Un récit à la mécanique bien huilée, qui s’appuie sur un schéma typique et bien connu, rien moins que celui des Dents de la Mer, qui voit le héros qui sait mais se heurte à l’aveuglement des autorités et doit se débrouiller pour contrecarrer la menace, alors que les cadavres prolifèrent autour de lui. A ses côtés, une poignée de compagnons d’horreur, parmi une galerie de personnages globalement tous caricaturaux. Slugs est un petit classique du gore crado, qui avait d’ailleurs eu les honneurs de la fameuse Collection Gore à l’époque, avant d’être adapté au grand écran en 1988 sous le titre Mutations, par l’impayable réalisateur espagnol Juan Piquer Simón.
Sex and gore
Le récit de Slugs est compact, ramassé, et se développe sur un rythme soutenu, sans aucun temps mort. Du premier cadavre retrouvé à la traque des bébêtes dans les égouts, en passant par la prolifération, la prise de conscience et l’indispensable diagnostic du scientifque de service, le livre de Shaun Hutson se dévore comme un roman de genre agréablement écrit mais surtout très efficace. A cet égard, l’auteur n’a pas son pareil pour décrire les atrocités commises par les gastéropodes voraces, à grand renfort de détails croustillants. Et parce qu’on est dans l’équivalent d’une bonne série B qui se respecte, on y retrouve évidemment une bonne dose de sexe, couplée aux débordements salivo-goresques assez savoureux que l’auteur semble prendre un malin plaisir à décrire. Hutson joue avec beaucoup d’application du dégoût qu’inspirent naturellement ces petites bêtes visqueuses. Une générosité résumée au sein même d’une scène dans laquelle un jeune couple se fait attaquer et dévorer juste après l’acte sexuel.
Petit roman sans grande prétention si ce n’est de divertir l’amateur de récits horrifiques à l’ancienne, sans aucun gras superflu et se lisant d’une traite, Slugs remplit son office avec panache. Le roman est par ailleurs proposé dans sa version intégrale, avec une nouvelle traduction, enrichit, de plus, d’une préface inédite signée de l’auteur lui-même. S’il faut apporter un bémol, tout juste pourra-t-on reprocher un climax un peu expéditif et sans grande surprise qui ne semble pas à la hauteur de ce qui a précédé. Mais une fois le livre refermé, on ne peut s’empêcher de reluquer les limaces avec circonspection. C’est plutôt bon signe.